Environ
270 avions moyens courrier parcourent quotidiennement le territoire
Français pour relier les grandes villes. Il n'est pas raisonnable de
considérer qu'à l'ère du TGV, nous acceptions que des gouffres à
pétrole volants, puissent gaspiller le précieux liquide au sein
même du territoire métropolitain. On pourrait même extrapoler au
niveau européen, puisque, le sous continent eurasiatique n'est pas
un archipel, mais bien une terre fermée qui jouit d'un réseau ferré
extrêmement dense, bien que l'on puisse toujours l'améliorer.
Il
y'a donc nécessité de transférer des emplois du transport aérien
vers le chemin de fer, mais aussi vers le transport maritime comme
nous allons le voir maintenant.
Si
ce programme se propose de générer une mutation très profonde de
notre économie par une relance industrielle aussi conséquente, cela
n'est en fait que pour mieux créer l'assise d'un modèle économique,
social et sociétal qui va profondément modifier notre rapport au
temps. Le système économique actuellement en vigueur ne génère
que de la souffrance. Souffrance pour ceux qui travaillent dur et de
nombreuses heures, sans forcément être rétribués à la hauteur de
leurs besoins. Souffrance pour ceux qui connaissent le chômage et ne
parvenant pas à vivre dignement et se rendre utiles par une activité
qui correspondraient à leurs désirs.
Dans
un monde où les ressources viennent à manquer et où l'évolution
technologique permet à des robots de faire le travail de 100
ouvriers dans une usine, notre rapport au temps de travail doit
changer. Il vaut mieux réduire la voilure et assurer des revenus
d'existence dignes pour tous, que s'acharner à esclavagiser une
partie de la population active et abandonner une autre à son sort.
En récupérant du temps sur notre propre vie, on peut le mettre à
profit pour créer, participer à la vie de la cité, s'investir en
politique, prendre soin de ses enfants et nos aînés, voyager...
Qu'est
ce qui fondamentalement, fait que nous choisissons de prendre l'avion
pour traverser un océan, plutôt qu'un bateau ? Certes l'offre
de transport en bateau est pour ainsi dire inexistante et plus
onéreuse que l'avion. Mais outre cet aspect, il y'a tout simplement
le fait que là où l'avion permet de relier deux continents en
quelques heures, un bateau devra croiser plusieurs jours avant
d'arriver à destination.
Prenons
quelques ordres de grandeur. Le Charles de Gaulle, porte-avion
Français à propulsion nucléaire, a une vitesse de pointe de
l'ordre de 27 nœuds (soit 50 km/h). Pour rallier Brest à New York
(environ 6000 Km), il faut donc à ce navire 5 jours. Les ferrys
italiens de la classe Jupiter MDV, fonctionnaient pour certains avec
des turbines à gaz, et pouvaient dépasser aisément les 40 nœuds
(74 km/h). Le Norman Arrow, un autre ferry structuré en catamaran,
peut atteindre ces mêmes 40 nœuds en transportant 1200 passagers et
plus de 400 véhicules à son bord.
Quelques
bateaux civils comme des brise-glaces Russes sont équipés d'une
propulsion nucléaire. Des expériences ont été tentées sur des
cargos, mais outre les questions de coût d'exploitation, ce fut
essentiellement la difficulté de l'accès aux ports qui posa
problème. En effet, un navire disposant d'une propulsion nucléaire
est soumis à la réglementation des transports de matière
dangereuse. Si nous considérons que le travail n'est pas un coût
mais bien une richesse, que la propulsion nucléaire a au moins le
mérite de réduire significativement les besoins en énergie fossile
et que l'on peut passer des accords avec certains pays, construire
des paquebots à propulsion nucléaire peut être une solution
d'avenir. D'abord en considérant que la France se doit de maintenir
coûte que coûte la liaison entre la métropole et les départements
et territoires d'outre-mer, dont la réglementation quant à l'accès
aux ports est soumise à l'appréciation franco-française.
La
Guyane est un département qui intègre de nombreux facteurs
incitatifs s'agissant des flux de personnes. En 2011 d'après le
rapport d'activité de l'Union des Aéroports Français (U.A.F), plus
de 400.000 voyageurs ont décollé ou atterrit à Cayenne. Sachant
que 24.000 Guyanais vivent en métropole et plus de 230.000 vivent
sur place, et en observant un peu les flux de passagers pour ce
département, on se rend compte que 2/3 d'entre eux sont des
nationaux qui font la liaison entre la métropole ou les caraïbes
essentiellement.
Globalement,
nous pouvons tabler sur un chiffre de 90.000 à 100.000 voyages aller
depuis la métropole jusqu'en Guyane par an, et presque autant pour
le retour. Ces chiffres ne sont pas simples à manier car l'U.A.F et
l'Insee ne détaillent pas correctement les flux. Mais empiriquement,
nous savons désormais quels sont les besoins.
Un
paquebot peut transporter aujourd'hui environ 6000 personnes. A 27
nœuds, les 6618 km qui séparent Cayenne de Brest demandent 6 jours
de navigation. Chaque semaine en moyenne, 2000 personnes partent de
métropole vers la Guyane et presque autant vont vers la métropole.
Si chaque semaine, un navire assure la ligne entre la zone caraïbes
et les grandes villes portuaires de la façade ouest de la métropole,
nos besoins sont donc peux élevés. 5 à 6 Paquebots peuvent suffire
à gérer ces flux hebdomadaires en continu, à la seule condition
que cela puisse permettre de réduire nos besoins en pétrole.
Nous
pourrions évaluer aisément en fonction de chaque destination ces
besoins. Par exemple pour la Réunion et Mayotte qui imposeraient des
flux de bateaux entre nos ports méditerranéens et l'océan indien.
De
la même façon que la Francophonie facilite le gros des flux de
personnes entre l'Afrique et la France. Et si ce programme politique
aura vocation à modifier nos relations militaires et diplomatiques
avec les U.S.A, il n'en reste pas moins que nous aurons toujours un
intérêt bien compris à travailler avec ce pays, comme avec le
reste du Monde, sachant en outre que le Québec est aussi de l'autre
côté de l'Atlantique.
L'idée
est donc simple : si l'on construit des paquebots ou des petits
navires de transport de personnes et de commerce voguant
essentiellement à la voile, que l'on subventionne ce mode de
transport et qu'on taxe un peu plus lourdement le transport aérien,
nous pourrons aiguiller au fil du temps, une partie du trafic
passagers de nos aéroports vers les ports français. Cela afin
d'accompagner une décroissance inéluctable du transport aérien du
fait des contraintes pétrolières qui vont s'imposer à nous. Nous
verrons plus loin que le facteur temps de voyage ne sera plus
pertinent pour analyser l'intérêt de la chose. Si durant quelques
années, la France connaîtra un boom économique par une telle
relance industrielle, ce sera pour mieux ralentir ensuite.
Évidemment,
est-il besoin d'expliquer que pour les transports de personnes
intra-métropole et même intra-européens, nous taxerons encore plus
franchement les billets d'avions pour favoriser le déplacement en
train ? Une réelle politique du transfert de l'emploi du
transport aérien vers le rail et le transport maritime est tout à
fait possible à mettre en œuvre.
Certains
spécialistes du secteur argueront que la consommation de carburant
d'un avion de grande ligne oscille pour Air France à 3,8 litres aux
100 km pour un passager. Eh bien voyons ce que cela donne en se fiant
à une étude du commissariat général au développement durable
parue en décembre 2012. Celle-ci précise que chaque Français
parcourt en moyenne 44,2 km en avion. Puisque nous sommes 65
Millions, il suffit de transposer la consommation d'un passager aux
100 Km avec les chiffres précédents, et nous obtenons la
consommation globale de kérosène des Français, soit : 109
Millions de litres ou 686.628 barils de pétrole chaque année. Voila
la facture pétrole du transport aérien Français s'agissant
uniquement des passagers nationaux.
Je
rappelle à ce stade que la consommation de pétrole de la France est
de 659 Millions de barils chaque année. Le transport aérien ne
représente certes qu'un faible pourcentage de cette consommation,
mais dites vous que plus nous économiserons là où il n'y a pas
d'intérêt vital pour la Nation (c'est à dire en dehors du
transport de l'énergie et des denrées alimentaires), plus nous
pourrons assurer la réorganisation de la société en prévision
d'un pic pétrolier qui sera dramatique dans ses conséquences pour
le monde.
Ce
ne sera pas la fin de l'aviation, car nous continuerons de construire
des aéronefs plus économes, le transport aérien de courrier, de
messagerie, de médicaments, ou encore pour les nécessités
diplomatiques, militaires et humanitaires perdureront. Mais dans ce
programme, il est vrai que le transport commercial de passagers
deviendra de plus en plus onéreux. Comme nous souhaitons nous
rattraper sur d'autres modes de transports et créer beaucoup
d'emplois dans le cadre de cette transformation économique, le seul
véritable enjeu politique de la question restera l'acceptation
sociale de ces mesures. Soit nous avons la sagesse de vouloir
dépasser notre consumérisme énergétique suicidaire tant pour nous
que pour nos enfants, soit l'absence de réorganisation de la société
à ces fins, impliquera une fin de route énergétique absolument
apocalyptique.
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