dimanche 31 mars 2013

La révolution industrielle (partie 1)

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Nous désintoxiquer du pétrole... au plus vite !


657 Millions de barils de pétrole, c'est ce que la France consomme chaque année. Un baril correspond à 159 litres. C'est donc à peu près 286,2 Millions de litres de pétrole consommés ou 1,8 Millions de barils quotidiennement.

Tout ce pétrole alimente un peu plus de 38 Millions de véhicules, 300.000 camions et plusieurs centaines d'avions, sans compter les ferrys, bateaux de pêche, engins de chantiers, véhicules européens circulant sur nos routes, etc.

Les réserves exploitables dans le monde et celles restant à trouver sont de l'ordre de 4000 Milliards de barils. Nous en avons consommé plus de la moitié, et chaque jour, ce sont 87 Millions de barils qui sont engloutis par le système économique qui nous est imposé. L'agence internationale à l'énergie (A.I.E) a révélé que le peak oil (c'est à dire le pic de production) a été atteint en 2006. Autrement dit, nous sommes sur un plateau de production, mais celle-ci n'augmentera plus jamais. Au contraire, elle va commencer à décliner tout doucement, puis de plus en plus fortement.

Et la plupart des spécialistes tel que Jean-Marc Jancovici s'accordent à dire que ce déclin va se faire ressentir très fortement entre maintenant et au plus tard 2030. Nous avons donc une échelle de temps très réduite pour nous adapter ou périr...

Car il n'est pas question de continuer de faire la politique de l'autruche à travers la religiosité qui consiste à croire que la technologie pourra tout. Ni l'exact inverse qui consiste à considérer qu'il est trop tard et que nous sommes tous condamnés.

La vérité est en fait à mi-chemin entre le défaitisme et l'ultra positivisme. Il faut savoir objectiver les enjeux pour espérer passer ce cap. Alors lançons nous d'abord sur la question des technologies, car elles peuvent permettre d'assouvir au mieux 10 à 15 % de nos besoins actuels. Cela signifie qu'il faudra toujours garder en tête que le seul fait technologique ne pourra suffire. Il faudra réellement réduire notre consommation par d'autres mécanismes.

Notre objectif est d'abord de garantir les approvisionnements alimentaires. Ce qui signifie s'occuper en premier lieu des camions. A cette fin, il sera nécessaire de nationaliser en urgence Renault Véhicule Industriel (R.V.I) qui construit les seuls camions Français. Et immédiatement, nous leur donnerons le cahier des charges suivant :

Un an seulement pour développer des poids lourds utilisant en fonction de la masse qu'ils ont a propulser, des motorisations à gaz, à hydrogène ou électriques. Nous mettrons les moyens nécessaires tant pour recruter les ingénieurs nécessaires, qu'abonder en ressources humaines et en matériaux, les usines de R.V.I

En 5 ans, il faudra viser un objectif de 50.000 camions disposant de technologies alternatives au moteur diesel traditionnel ou consommant du « bio-carburant ». Tous les camions construits seront bridés à 70 Km/h à la construction. Il faut savoir qu'actuellement, un camion consomme environ 40 litres au 100 km et roule environ 9 h par jour. Soit environ 320 Litres de carburant qui peuvent être brûlés quotidiennement. C'est donc environ 200 Millions de barils que consomment nos camions chaque année. Nous devons diviser par six ce chiffre en moins de 10 ans.

Les voitures aussi consomment du carburant. Nous verrons ce que nous pourrons faire par la fiscalité, mais restons sur le terrain purement technologique pour le moment. Les groupes P.S.A et Renault verront l’État entrer dans leur capital à 49 % cela afin de fixer les mêmes objectifs que pour les camions, mais à l'échelle des voitures. Et soyons définitivement honnêtes : Soit nous actons que pour continuer de jouir de la mobilité permise par l'automobile, nous acceptons de faire disparaître les grosses berlines de la circulation, soit autant fermer cet ouvrage immédiatement, car nous parlons ici d'un enjeu bien plus vaste que l'automobile, c'est à dire notre indépendance économique et alimentaire dans un monde sans pétrole. Si pour vous, il n'est pas négociable d'accepter de sérieuses concessions tant sur votre façon de consommer ou sur la puissance de votre automobile, autant vous le dire, ce programme politique ne pourra pas vous plaire.

Le cahier des charges qui sera donc attribué à nos constructeurs sera le suivant :

Tous les véhicules construits le seront avec des motorisations permettant de réduire la consommation à moins de 2 litres aux 100 Km. Soit des puissances fiscales s'étalant entre 2 et 4 cv maximum. Nous jouerons du gaz, de l'électricité, de l'air comprimé, de l'hydrogène et du bio-carburant. Tous les véhicules seront bridés à la construction à 110 Km/h

Sur le plan de la production énergétique, et en premier lieu s'agissant du pétrole de synthèse, nous ferons confiance à la technologie Bio-Fuel System développé par Bernard A.J Stroïazzo-Mougin, ingénieur et industriel Français ayant travaillé sur la production de carburant à partir de micro-algues.

Le principe est assez simple : Reliez les bouches d'évacuation de CO² d'une cimenterie ou d'un incinérateur à une sorte d'immense aquarium, contenant des micro-algues ayant la particularité de recycler le gaz carbonique en huile végétale. Chauffez ces algues au bout de 48 h et séparez chimiquement les huiles du reste de la matière organique. Vous obtenez un carburant de synthèse ayant exactement les mêmes qualités que celui que nous utilisons actuellement, les métaux lourds et le souffre en moins.

L'usine pilote de B.F.S à Alicante en Espagne permet ainsi de séquestrer 450.000 tonnes de CO² par an tout en produisant l'équivalent de 220.000 barils de pétrole dans le même temps. Les trois plus grosses usines du groupe Arcelor Mital (qui seront nationalisées) produisent l'équivalent de 21,7 Millions de tonnes de CO² chaque année. Ces trois sites permettraient potentiellement de produire plus de 10 Millions de barils de pétrole, s'ils étaient équipés de la technologie B.F.S.

Le bureau de recherche géologique minière à travers son site internet Metsor, nous donne quelques chiffres pour se faire une idée du potentiel de production :

En France, 1160 installations industrielles rejettent du CO². Si nous ne prenons que les rejets des 34 plus gros émetteurs, nous obtenons un total de près 78 Millions de tonnes de gaz carbonique. Si toutes ces installations devaient être équipées, ce serait donc une production de près de 38 Millions de barils de bio-carburant par an que nous obtiendrions. On peut même aisément supposer qu'en vérité, les rejets industriels en CO² cumulés soient le double des chiffres avancés ici, ce qui signifie une production de pétrole de synthèse potentielle que nous pourrions élever jusqu'à 76 Millions de barils, soit un neuvième des besoins nationaux actuels.

Bien évidemment, de très nombreuses contraintes ne permettraient pas d'atteindre un objectif aussi haut. Et faute d'une volonté politique d’innovation et de décarbonisation réelle de l'économie Française, nous ne pouvons que spéculer à partir de très peu d'expérimentations et quelques données macro-économiques. Mais il vaut mieux viser des objectifs très élevés et ne s'en rapprocher même que d'une petite fraction, que rester sur notre séant à ne rien faire. Nous avons des solutions, il suffit d'investir dedans.

Une autre forme d'énergie sur laquelle je passerais très vite, faute de chiffres transposables aisément en équivalent pétrole, est l'hydrogène. A défaut de pouvoir estimer ce que nous pourrions produire en France avec nos installations actuelles, il est possible de vous dire comment, et pourquoi l'hydrogène. Ce gaz est produit de deux façons. Soit par osmose inverse, soit par électrolyse d'eau ou de pétrole.

La solution la plus simple serait de produire de l'hydrogène par électrolyse d'eau de mer via nos centrales nucléaires. Cela signifie qu'il faudrait au préalable pouvoir soulager le réseau d'une partie des besoins de la population de nombreuses façons que je détaillerais plus loin. L'hydrogène est un carburant « propre ». Dans le sens où sa combustion ne rejette que de l'eau. Par ailleurs, sa très haute inflammabilité lui permet de délivrer autrement plus d'énergie à la combustion, que les carburants traditionnels. L'hydrogène est particulièrement adapté aux véhicules lourds. Selon certaines études, il pourrait être stocké dans nos véhicules sous forme d'acide formique (le fameux venin des fourmis rouges), ce qui éviterait tous les désagréments d'un stockage sous sa forme pure. En effet, l'hydrogène se conserve à de très basses températures, ce qui rend difficile son exploitation technique dans ces conditions. De plus, sa haute volatilité du fait de sa très faible masse atomique, le rend dangereusement explosif à la moindre étincelle ou source de chaleur à proximité du réservoir. Encore une fois, faute de chiffres aisément exploitables à mon simple niveau, je ne peux absolument pas estimer quelle production espérer. Mais à l'évidence, quand on souhaite se désintoxiquer du pétrole, développer une économie hydrogène n'est pas une option. C'est une nécessité.

Un autre carburant dont je vous épargnerais les chiffres, mais dont j'ai pu estimer le potentiel, est l'huile végétale recyclée. Très clairement, nous consommons chaque année 70.000 tonnes d'huile de friture, et seulement 26.000 tonnes sont recyclées. En équivalent pétrole, cela représente près de 9 millions de barils de pétrole. C'est donc environ 1,5 % de nos besoins actuels que l'on peut produire à partir du recyclage de l'huile de friture. Chiffre que l'on peut légèrement augmenter en exploitant l'huile de pin et de pépins de raisin, du fait que le plus grand couvert forestier tant Français qu'européen est la forêt des Landes, qui n'est rien d'autre qu'une gigantesque pinède. Par ailleurs, au vu de notre production viticole, il est sans doute possible de trouver des moyens technologiques de dissocier les pépins de raisin de la chair du fruit de façon industrielle, et profiter du raffinage des huiles produites tant pour satisfaire notre consommation alimentaire qu'énergétique.

Reste la méthanisation des matières organiques qui peut permettre d'obtenir du gaz pour propulser notamment les engins agricoles. Mais si l'on considère les 887 Millions de tonnes de déchets organiques que les ménages, exploitations agricoles et industries produisent en France, le potentiel est énorme. En fonction des technologies, on peut considérer la base suivante : une tonne de matière organique représente un potentiel de 60 mètres cube de méthane. La France produit donc l'équivalent d'au moins 532 Milliards de mètres cubes de méthane. Chaque mètre cube de méthane pouvant trouver son équivalence en 1,5 litres de pétrole, c'est près de 355 Millions de litres de pétrole soit plus de 2 millions de barils.

Nous arrivons ici à la limite des équivalences pétrole sous forme chimique. On peut estimer rationnellement qu'en ayant une politique industrielle ambitieuse à ce sujet, nous pourrons espérer couvrir en 10 ans, entre 10 et 15 % de nos besoins en pétrole sur la base de notre consommation actuelle. Pour ces raisons, il conviendra de nationaliser toutes les industries liées à l'énergie, TOTAL en premier lieu, EDF bien évidemment, mais aussi AREVA et Air Liquide.

D'autres équivalences pétrole peuvent être produites autrement que sous forme chimique. Tout d'abord, on y pense peu, mais l'énergie que représente l'utilisation de notre masse musculaire se quantifie aussi en kilowatt. Plus compréhensible pour le lecteur sera de considérer que marcher, faire du vélo ou même se déplacer à cheval en fonction des lieux et des distances, est un bon moyen d'économiser intelligemment du pétrole. Mais cela présuppose une réorganisation du temps de travail à la baisse et un transfert de fiscalité pour organiser nos déplacements en ce sens.

L'autre moyen bien connu est l'électricité. Mais celle-ci est en vérité que très peu pertinente s'agissant des véhicules particuliers, du fait que les batteries nécessaires sont fabriquées avec des terres rares qui ont la particularité d'être... rares !

L'apport des véhicules électriques ou bi-énergie restera donc négligeable, ce qui ne signifie pas occulter ce potentiel énergétique. L'air comprimé est en revanche autrement plus pertinent s'agissant des véhicules. La société Française M.D.I qui ne trouve actuellement aucun soutien politique ou financier développe des motorisations à air comprimé pour ses véhicules, les Airpod. Ce sont les mêmes motorisations que le constructeur indien Tata a industrialisé dans son pays. Les Airpod en mode bi-énergie consomment moins de deux litres aux 100 km et aucune goutte de pétrole à moins de 50 Km/h. Leur autonomie est suffisante pour les trajets domicile/travail plus quelques courses. Et le coût du rechargement en air comprimé via un petit compresseur électrique est de quelques centimes d'euros. Le rechargement peut se faire de nuit, ou même de façon accélérée dans une station service si l'on change directement la bonbonne d'air comprimé. Si ne serait que la moitié du parc automobile Français disposait d'une telle technologie, la consommation en pétrole de la France chuterait drastiquement puisque l'essentiel de nos trajets en voiture se font en ville. Je suppose qu'évoquer une réduction d'une bonne moitié de notre consommation en pétrole ne serait pas exagérée et même possiblement en deçà des économies théoriques possibles à réaliser. Si d'un côté, nous parvenons à produire près de 80 Millions de barils de pétrole de synthèse, et de l'autre nous parvenons à économiser près de 300 Millions de barils uniquement avec cette technologie, nous commençons à constater que notre indépendance au pétrole croît très fortement, puisque c'est déjà environ deux tiers de nos importations que nous pouvons réduire. Hors notre déficit commercial du fait de nos importations de pétrole représente 70 Milliards d'euros. Potentiellement, nous pourrions donc réduire de plus de 45 Milliards d'euros ce déficit commercial avec nos seules ressources. Et pourtant, nous n'avons pas encore évoqué la question des transports collectifs, ni même celle de la fiscalité pour modifier nos comportements.

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