De
très lourds investissements seront consacrés à un meilleur
maillage de notre réseau ferré, et des projets au niveau européen
seront discutés pour que des lignes régulières entre les grandes
villes européennes puissent être instituées à concurrence
optimale de l'avion. De Lisbonne à Moscou et de Stockholm à
Athènes, il est nécessaire de créer les conditions du transport de
fret et de personnes de l'ère après pétrole. Ceux qui pensaient
que sortir de l'Union Européenne, signeraient la fin des
partenariats en seront pour leur frais avec la thèse idiote du
« repli sur soi ».
Transition
qui me permet d'aborder la question du transport de marchandises au
niveau national et européen pour commencer.
Près
de 300.000 poids lourds français circulent sur nos routes. Nous
avons vu plus haut que ce parc de poids lourd absorbe environ 200
Millions de barils de pétrole par an. Nous avons évoqué l'idée de
commencer par une modification technologique des motorisations de ces
véhicules, ainsi que leur vitesse pour réduire ce gaspillage
énergétique. Mais désormais, il va falloir s'atteler au flux de
marchandises et l'organisation du transport de celles-ci pour trouver
d'autres points de décroissance énergétique.
Tout
d'abord, nous avons le ferroutage. Je vous ferais grâce des
chiffres, mais il suffit de comprendre qu'en investissant massivement
dans des hubs départementaux pour charger marchandises et conteneurs
sur des trains, nous pouvons gagner en économies de camions sur nos
routes. Sachant en outre et nous le verrons plus tard, que la
production de biens manufacturiers sera appelée à décroître
sérieusement ce qui impactera inévitablement sur le transport
routier.
Près
de 70% du Transport routier est régional. Autrement dit, le
transport routier longue distance ne concerne qu'environ 30% du
secteur. Et cela nous arrange bien, car c'est à ce 30 % qu'il faut
nous attaquer (sans forcément détruire complètement). Sachons déjà
une chose : En sortant de l'Union Européenne, nos chauffeurs ne
seront plus à concurrence de salaire avec des chauffeurs Roumains ou
Polonais. Le Cabotage sera à nouveau interdit. Ce qui aura dans un
premier temps un effet très positif sur le transport routier
Français et provoquera outre un appel d'air sur l'emploi, une hausse
prévisible des salaires.
Durant
ce bref répit accordé au secteur, nous allons pouvoir organiser le
détournement d'une partie du fret vers le rail ou le fluvial. Le
canal Seine Nord reliant le bassin fluvial de la Seine au reste de
l'Europe du nord sera creusé. Il pourra permettre à des convois de
plus de 20.000 tonnes de soulager une grande partie des échanges
entre l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et la France par voie
fluviale. Ce procédé permet d'économiser énormément de pétrole
puisque selon Karel Vereycken, proche de Jacques Cheminade, si un
litre de carburant permet à un camion de parcourir 20 Km, ce même
litre permet à une barge poussée par un remorqueur de couvrir 104
km. En effet, tout est question de volume et de masse transportée.
Globalement, la règle du 1/3 d'économie de pétrole peut être
atteinte en jouant à plein du fluvial. Cela implique de lourds
travaux de creusement du canal, les infrastructures attenantes et
lieux de chargement et déchargement.
Certaines
petites villes dans le nord de la France pourrait voir leur
population augmenter du fait des bassins d'emplois créés, mais ce
serait aussi le moyen de vider de plus grandes agglomération d'une
partie de leur population comme nous le verrons plus tard. La
construction du canal suivrait bien évidemment des normes
écologiques drastiques et encourageraient l'essor de la biodiversité
tant aquatique, que celle vivant sur les berges. D'autres voies
fluviales permettant les passages de ces lourds convois pourraient
être mises en chantier pour interconnecter le Rhône et la Seine.
S'agissant
du rail, ce sont de grands hubs qui seront construits d'abord à nos
frontières pour prendre en charge les marchandises en transit. Soit
celles-ci suivront la logique du transport de conteneurs, soit ce
sont directement les camions ou les remorques chargées qui
rentreront dans les trains. Mais de même hubs seront aussi
construits au sein du territoire métropolitain, de telle façon à
privilégier au delà de 200 Km de distance, le transport par le
rail. Par la loi, nous veillerons à ce que le transport routier
s'organise obligatoirement pour faire transiter un certain nombre de
marchandises via le réseau ferré. Cela impliquera donc une
réduction du poids du transport routier de fait, mais nous
veillerons encore une fois à requalifier les conducteurs et
accompagner les entreprises dans ces changements.
Au
niveau des dessertes plus locales, nous jouerons énormément des
infrastructures des transports collectifs tels que les tramways. Nous
pouvons créer des centres logistiques interconnectés aux lignes de
tramway, avec des rames circulant de nuit pour desservir les centres
villes. De petits véhicules de livraison chargés de leurs
marchandises pourront embarquer dans ces rames et livrer les
centre-villes. En matière de logistique, théoriquement, tout est
possible. Il suffit de s'en donner les moyens et la France n'en
manque pas. Finit le temps de la culpabilisation des Français sur
leur manque de compétitivité (ce qui en outre est faux) et le fait
que notre pays soit un avorton dans le concert des Nations. Nous
sommes la sixième puissance économique mondiale, nous avons les
cerveaux et les bras, ce qu'il nous manque et pardonnez moi
l'expression : ce sont des couilles dans les caleçons de nos
dirigeants.
Pour
conclure ce long volet sur les technologies du transport, nous
pouvons évoquer le transport maritime de marchandises qu'il faut
repenser là aussi. Un navire de 20.000 tonnes englouti la bagatelle
de 20 tonnes de carburant par jour. Un porte-conteneurs peut quant à
lui brûler jusqu'à 180 tonnes de pétrole quotidiennement. Les
90.000 cargos se baladant à travers la planète consomment
l'équivalent de la moitié des besoins du par automobile mondial.
La
France avec ses 3427 Km de côtes sur le territoire métropolitain
est résolument tournée vers la mer. Une grande partie de notre
Histoire économique tient du transport maritime (pour le meilleur et
pour le pire) et notre avenir doit rester tourné vers l'océan.
C'est une chance pour notre pays que de disposer un accès à un
espace maritime conséquent avec la mer du nord et la Manche au nord
de notre pays, l'océan atlantique à l'ouest et la mer Méditerranée
au sud.
Nous
devons être les précurseurs sur le transport maritime de demain,
celui des navires qui s'affranchissent d'un pétrole cher. Et pour
débuter cette réflexion, rien ne vaut un petit détour par la force
de travail qui pourrait conduire les bateaux de demain dans tous les
ports du monde. Nous avons vu qu'il faudra très certainement
reclasser des salariés du transport aérien et routier vers d'autres
métiers, et ces derniers disposent partiellement des compétences
nécessaires pour se réorienter vers le transport maritime. Mais
ceux qui cumulent le plus de ces compétences et méritent une
attention toute particulière du gouvernement, ce sont les marins
pêcheurs. Près de 17.000 Français travaillent à ravitailler notre
pays en poisson frais. Ces derniers se répartissent sur une flotte
de 6235 navires de toutes tailles (de 10 mètres à plus de 40 mètres
de long).
Nous
savons que la pression sur la ressource halieutique est trop forte.
Des espèces de poissons sont réellement en voie de disparition et
si nous n'enrayons pas cette spirale folle de la surpêche, outre le
très sérieux problème écologique que cela posera, nos pêcheurs
seront au chômage technique et l'alimentation des Français sera de
moins en moins variée. Il ne peut donc s'agir de convertir
l'ensemble des marins-pêcheurs au transport maritime de
marchandises, mais de leur faire au moins la proposition suivante :
L’État
rachète leurs bateaux pour en récupérer l'acier. Nous leur
octroyons un crédit à o% et des subventions pour qu'ils puissent
acquérir un navire de transport à voiles. Et nous en arrivons à la
question du bateau : La France doit veiller à ce que de
nombreux ingénieurs et charpentiers de marine, travaillent à
imaginer des bateaux motorisés, mais équipés d'un gréement
capable d'assurer seul la propulsion du bateau. Ces bateaux doivent
pouvoir charger entre un et trois conteneurs, ou encore du vrac
directement. Ils seront nécessairement plus petits que les immenses
cargos actuels, mais ne devront en contrepartie nécessiter qu'un
équipage réduit pour les manœuvrer. L'idée est assez simple, mais
correspond de nos jours à un véritable défi technologique et
infra-structurel. Car il faudra imaginer des bateaux n'ayant plus
rien à voir avec les caravelles et clippers d'hier, adapter les
ports, garantir une priorité de chargement et de déchargement à
ces navires, garantir une offre de fret pour leurs propriétaires,
négocier avec les pays tiers pour qu'ils acceptent d'adapter eux
mêmes leurs infrastructures, etc. Nous devrons pour cela faire nos
preuves encore une fois par le biais des échanges entre la métropole
et les DOM-TOM. Mais ne vous y trompez pas, si nous décidons d'un
tel pari technologique, nous prendrons une avance certaine dans le
secteur du transport maritime, au moment même où celui-ci connaîtra
la plus violente crise pétrolière de son histoire.
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