dimanche 31 mars 2013

La révolution industrielle (partie 3)

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De très lourds investissements seront consacrés à un meilleur maillage de notre réseau ferré, et des projets au niveau européen seront discutés pour que des lignes régulières entre les grandes villes européennes puissent être instituées à concurrence optimale de l'avion. De Lisbonne à Moscou et de Stockholm à Athènes, il est nécessaire de créer les conditions du transport de fret et de personnes de l'ère après pétrole. Ceux qui pensaient que sortir de l'Union Européenne, signeraient la fin des partenariats en seront pour leur frais avec la thèse idiote du « repli sur soi ».

Transition qui me permet d'aborder la question du transport de marchandises au niveau national et européen pour commencer.

Près de 300.000 poids lourds français circulent sur nos routes. Nous avons vu plus haut que ce parc de poids lourd absorbe environ 200 Millions de barils de pétrole par an. Nous avons évoqué l'idée de commencer par une modification technologique des motorisations de ces véhicules, ainsi que leur vitesse pour réduire ce gaspillage énergétique. Mais désormais, il va falloir s'atteler au flux de marchandises et l'organisation du transport de celles-ci pour trouver d'autres points de décroissance énergétique.

Tout d'abord, nous avons le ferroutage. Je vous ferais grâce des chiffres, mais il suffit de comprendre qu'en investissant massivement dans des hubs départementaux pour charger marchandises et conteneurs sur des trains, nous pouvons gagner en économies de camions sur nos routes. Sachant en outre et nous le verrons plus tard, que la production de biens manufacturiers sera appelée à décroître sérieusement ce qui impactera inévitablement sur le transport routier.

Près de 70% du Transport routier est régional. Autrement dit, le transport routier longue distance ne concerne qu'environ 30% du secteur. Et cela nous arrange bien, car c'est à ce 30 % qu'il faut nous attaquer (sans forcément détruire complètement). Sachons déjà une chose : En sortant de l'Union Européenne, nos chauffeurs ne seront plus à concurrence de salaire avec des chauffeurs Roumains ou Polonais. Le Cabotage sera à nouveau interdit. Ce qui aura dans un premier temps un effet très positif sur le transport routier Français et provoquera outre un appel d'air sur l'emploi, une hausse prévisible des salaires.

Durant ce bref répit accordé au secteur, nous allons pouvoir organiser le détournement d'une partie du fret vers le rail ou le fluvial. Le canal Seine Nord reliant le bassin fluvial de la Seine au reste de l'Europe du nord sera creusé. Il pourra permettre à des convois de plus de 20.000 tonnes de soulager une grande partie des échanges entre l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et la France par voie fluviale. Ce procédé permet d'économiser énormément de pétrole puisque selon Karel Vereycken, proche de Jacques Cheminade, si un litre de carburant permet à un camion de parcourir 20 Km, ce même litre permet à une barge poussée par un remorqueur de couvrir 104 km. En effet, tout est question de volume et de masse transportée. Globalement, la règle du 1/3 d'économie de pétrole peut être atteinte en jouant à plein du fluvial. Cela implique de lourds travaux de creusement du canal, les infrastructures attenantes et lieux de chargement et déchargement.

Certaines petites villes dans le nord de la France pourrait voir leur population augmenter du fait des bassins d'emplois créés, mais ce serait aussi le moyen de vider de plus grandes agglomération d'une partie de leur population comme nous le verrons plus tard. La construction du canal suivrait bien évidemment des normes écologiques drastiques et encourageraient l'essor de la biodiversité tant aquatique, que celle vivant sur les berges. D'autres voies fluviales permettant les passages de ces lourds convois pourraient être mises en chantier pour interconnecter le Rhône et la Seine.

S'agissant du rail, ce sont de grands hubs qui seront construits d'abord à nos frontières pour prendre en charge les marchandises en transit. Soit celles-ci suivront la logique du transport de conteneurs, soit ce sont directement les camions ou les remorques chargées qui rentreront dans les trains. Mais de même hubs seront aussi construits au sein du territoire métropolitain, de telle façon à privilégier au delà de 200 Km de distance, le transport par le rail. Par la loi, nous veillerons à ce que le transport routier s'organise obligatoirement pour faire transiter un certain nombre de marchandises via le réseau ferré. Cela impliquera donc une réduction du poids du transport routier de fait, mais nous veillerons encore une fois à requalifier les conducteurs et accompagner les entreprises dans ces changements.

Au niveau des dessertes plus locales, nous jouerons énormément des infrastructures des transports collectifs tels que les tramways. Nous pouvons créer des centres logistiques interconnectés aux lignes de tramway, avec des rames circulant de nuit pour desservir les centres villes. De petits véhicules de livraison chargés de leurs marchandises pourront embarquer dans ces rames et livrer les centre-villes. En matière de logistique, théoriquement, tout est possible. Il suffit de s'en donner les moyens et la France n'en manque pas. Finit le temps de la culpabilisation des Français sur leur manque de compétitivité (ce qui en outre est faux) et le fait que notre pays soit un avorton dans le concert des Nations. Nous sommes la sixième puissance économique mondiale, nous avons les cerveaux et les bras, ce qu'il nous manque et pardonnez moi l'expression : ce sont des couilles dans les caleçons de nos dirigeants.

Pour conclure ce long volet sur les technologies du transport, nous pouvons évoquer le transport maritime de marchandises qu'il faut repenser là aussi. Un navire de 20.000 tonnes englouti la bagatelle de 20 tonnes de carburant par jour. Un porte-conteneurs peut quant à lui brûler jusqu'à 180 tonnes de pétrole quotidiennement. Les 90.000 cargos se baladant à travers la planète consomment l'équivalent de la moitié des besoins du par automobile mondial.

La France avec ses 3427 Km de côtes sur le territoire métropolitain est résolument tournée vers la mer. Une grande partie de notre Histoire économique tient du transport maritime (pour le meilleur et pour le pire) et notre avenir doit rester tourné vers l'océan. C'est une chance pour notre pays que de disposer un accès à un espace maritime conséquent avec la mer du nord et la Manche au nord de notre pays, l'océan atlantique à l'ouest et la mer Méditerranée au sud.

Nous devons être les précurseurs sur le transport maritime de demain, celui des navires qui s'affranchissent d'un pétrole cher. Et pour débuter cette réflexion, rien ne vaut un petit détour par la force de travail qui pourrait conduire les bateaux de demain dans tous les ports du monde. Nous avons vu qu'il faudra très certainement reclasser des salariés du transport aérien et routier vers d'autres métiers, et ces derniers disposent partiellement des compétences nécessaires pour se réorienter vers le transport maritime. Mais ceux qui cumulent le plus de ces compétences et méritent une attention toute particulière du gouvernement, ce sont les marins pêcheurs. Près de 17.000 Français travaillent à ravitailler notre pays en poisson frais. Ces derniers se répartissent sur une flotte de 6235 navires de toutes tailles (de 10 mètres à plus de 40 mètres de long).

Nous savons que la pression sur la ressource halieutique est trop forte. Des espèces de poissons sont réellement en voie de disparition et si nous n'enrayons pas cette spirale folle de la surpêche, outre le très sérieux problème écologique que cela posera, nos pêcheurs seront au chômage technique et l'alimentation des Français sera de moins en moins variée. Il ne peut donc s'agir de convertir l'ensemble des marins-pêcheurs au transport maritime de marchandises, mais de leur faire au moins la proposition suivante :

L’État rachète leurs bateaux pour en récupérer l'acier. Nous leur octroyons un crédit à o% et des subventions pour qu'ils puissent acquérir un navire de transport à voiles. Et nous en arrivons à la question du bateau : La France doit veiller à ce que de nombreux ingénieurs et charpentiers de marine, travaillent à imaginer des bateaux motorisés, mais équipés d'un gréement capable d'assurer seul la propulsion du bateau. Ces bateaux doivent pouvoir charger entre un et trois conteneurs, ou encore du vrac directement. Ils seront nécessairement plus petits que les immenses cargos actuels, mais ne devront en contrepartie nécessiter qu'un équipage réduit pour les manœuvrer. L'idée est assez simple, mais correspond de nos jours à un véritable défi technologique et infra-structurel. Car il faudra imaginer des bateaux n'ayant plus rien à voir avec les caravelles et clippers d'hier, adapter les ports, garantir une priorité de chargement et de déchargement à ces navires, garantir une offre de fret pour leurs propriétaires, négocier avec les pays tiers pour qu'ils acceptent d'adapter eux mêmes leurs infrastructures, etc. Nous devrons pour cela faire nos preuves encore une fois par le biais des échanges entre la métropole et les DOM-TOM. Mais ne vous y trompez pas, si nous décidons d'un tel pari technologique, nous prendrons une avance certaine dans le secteur du transport maritime, au moment même où celui-ci connaîtra la plus violente crise pétrolière de son histoire.

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