jeudi 4 avril 2013

Des normes d'élevage changées


L'agriculture renferme aussi la composante élevage. Et tout comme pour les fruits et légumes, nous traitons le vivant comme un simple produit marchand que l'on vend au meilleur prix par la magie du libre échange. Notre consommation de porc était par exemple en 2012 de 328 Millions de Tonnes (équivalents carcasse). Notre production nationale était de 338 Millions de tonnes, et nous avons importé 89 Millions de tonnes tout en exportant plus de 100 Millions de tonnes hors de nos frontières.

Voila typiquement un système qu'il faut bannir. L'auto-suffisance alimentaire est une obligation morale pour nos enfants. Encore une fois, il s'agira donc d'étudier combien de tonnes le système de distribution actuel gaspille, ce qui signifie combien de bêtes sont sacrifiées pour rien dans ce système marchand malsain.

Une fois ces chiffres publiés, les objectifs seront donnés aux éleveurs, et les aides de la politique agricole nationale suivront. Car la France en choisissant la voie de la diversification va aussi démanteler progressivement les élevages industriels. Nous veillerons en fait à ce que le maximum d'exploitations agricoles se diversifient aussi un peu dans l'élevage, avec de véritables zones de pâturages pour tous les bestiaux. Ainsi, en considérant qu'une exploitation correspond souvent à un couple gestionnaire avec quelques enfants, l'objectif sera de réfléchir à un temps de travail permettant à ce ménage de gérer son exploitation sans fournir d'efforts excessifs du fait d'une trop grande taille de celle-ci. Nous souhaiterons aussi que chaque exploitant ait les moyens d'embaucher un ouvrier agricole au moins. Les vacances sont aussi une autre réflexion à avoir, car bien souvent, les agriculteurs et éleveurs en sont privés. L’État devra permettre par ses aides agricoles, à ce que chaque exploitant puisse réellement s'accorder au moins trois semaines de vrai repos chaque année. Ces aides seront versées sur un compte épargne dédié, et l'exploitant en fera ce qu'il voudra. Il pourra les cumuler par exemple sur plusieurs années, s'il souhaite s'offrir une ou deux années sabbatiques pour voyager à l'international.

En clair, une véritable politique sociale agricole mais avec des contreparties :

La souffrance animale devra être réduite au maximum. L’État privilégiera des investissements dans des laboratoires de découpe directement dans les exploitations ou les coopératives locales, et fera fermer progressivement les abattoirs. Les normes sanitaires évolueront de telle façon à ce qu'un animal puisse être prélevé en plein champs, et abattu au fusil. Cela paraît anecdotique, mais ça ne l'est pas pour moi. Au nom de quoi nous devrions accepter plus longtemps la marchandisation du vivant et la souffrance animale ? Au nom de quoi devrions nous tuer des bêtes dans des véritables Auschwitz animaliers ? Où est notre humanité dans tout cela ?

Tuer à distance d'une balle dans la tête un animal qui se contentait de paître dans son pré a au moins l'avantage d'éliminer le stress du transport et de l'abattage, tout en permettant de relocaliser au mieux la distribution de viande. Car sitôt la carcasse découpée, sa distribution devra contenter en premier lieu le marché local, puis les agglomérations proches. Évidemment, toutes les régions n'ont pas le climat idéal pour permettre la culture ou l'élevage de certaines espèces. De fait, la France veillera à faciliter la réorganisation du marché et de la logistique, et pilotera les prix.

S'agissant des viandes, c'est d'ailleurs profondément nécessaire, car nous devons réduire la consommation de viande de bœuf. Ainsi, les éleveurs seront subventionnés pour diversifier leurs élevages et réduire peu à peu les élevages de bœufs. Les prix à la vente de viande rouge seront peu à peu relevés jusqu'à obtenir un équilibre dans les consommations de produits carnés. Il faut savoir que l'on peut nourrir 1000 personnes avec un bœuf, alors que l'alimentation qui lui est nécessaire peut en nourrir 18.000. Il y'a aussi la consommation d'eau virtuelle (à travers les aliments donnés aux bestiaux), et les rejets de CO². Nous devrons donc réduire le cheptel national tout doucement, nous diriger vers une transition permettant la réduction d'alimentation des bestiaux par le soja ou les céréales (particulièrement le maïs), afin de nous réapproprier un savoir faire ancestral que nous avons perdu afin de diversifier notre alimentation.

Cette politique agricole qui est presque une politique paysanne n'en est pas moins basée sur une véritable modernité agronomique, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, est nettement plus productiviste que celle actuellement menée. Du fait du supplément de main d’œuvre apporté, le prix des matières premières agricoles augmentera nécessairement. Mais cela sera compensé par les aides de l’État dans un premier temps, puis la réduction d'autres secteurs de dépenses des ménages, notamment le transport et le logement.

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