samedi 20 avril 2013

La Sécurité passe pas une autre politique de la ville.


Pour introduire ce long chapitre, je compte d'abord briser un tabou bien Français qui est à l'origine de la moitié du problème de l'insécurité en France. Si très vite, j'en viendrais aux mesures qui visent à sanctionner les délits et crimes qui pourrissent le quotidien des Français, il me paraît nécessaire d'investiguer ce qui peut prévenir autant que possible les violences dans les quartiers. Et à n'en pas douter, la prohibition de la consommation et de la vente de cannabis est un point clé qu'il convient d'aborder.

Selon l'Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie (OFDT), un jeune sur deux déclare à l'âge de 17 ans avoir déjà expérimenté la consommation de cannabis. Ce n'est donc plus un produit marginal ou effrayant, c'est un produit qui est rentré dans nos mœurs. Et on peut le comprendre, les Français ont un certain goût pour l'esprit de fête, consomment de l'alcool depuis l'antiquité (cervoise et vin) et nombreux sont aussi les fumeurs de cigarette. De nombreuses études ont démontré que l'alcool et le tabac sont autrement plus nocifs et addictifs que le cannabis. Je peux en outre en témoigner personnellement. Si il m'arrive à de très rares occasions de pouvoir consommer du cannabis de façon récréative avec des amis, je ne trouve pas le besoin d'en consommer quotidiennement. En revanche, j'ai beaucoup de difficultés à pouvoir cesser ma consommation de tabac.

Toujours selon le même organisme, les adultes ayant entre 18 et 64 ans déclaraient en 2005 avoir déjà consommé du cannabis pour 32 % d'entre eux. En termes de mortalité, l'OFDT impute au cannabis 230 accidents de la route en 2005 soit un cinquième des accidents mortels causés par l'alcoolémie au volant (1200 morts en 2010). Aucune étude n'arrive pour le moment à prouver que le cannabis serait cancérigène (ce qui est sûrement le cas comme tous les produits que l'on consomme à l'excès) alors que l'alcool représente 40.000 décès par cancer et le tabac, 60.000 décès.

Ces chiffres sont importants à méditer, car on impute au cannabis des méfaits directs ou indirects tout à fait marginaux par rapport à des drogues qui sont vendues légalement.

En clair, pourquoi maintenir ce produit dans l'illégalité si sa dangerosité est marginale ?

Et c'est à partir de cette question que nous pouvons observer ce que nous coûte la prohibition de ce produit :

Selon Christian Ben Lakhdar, chercheur à l'université Catholique de Lille a évalué le coût social du cannabis à près d'un milliard d'euros dont plus de 500 Millions uniquement dans la mobilisation des forces de police. La consommation de cannabis en 2009 a permis de faire fonctionner l'imbécile politique du chiffre de Nicolas Sarkozy avec 140.000 interpellations. Le rapport de Daniel Vaillant précise que les interpellations concernant les revendeurs de ce produit sont en revanche globalement stables avec 15.000 procédures par an. A raison de 3300 euros le coût de l'interpellation, on peut comprendre les chiffres expliqués plus hauts.

Une politique répressive donc qui nous coûte beaucoup d'argent, ne marche pas et légitime les trafics illicites. Il n'est donc pas question de juger ce problème avec un regard de droite ou de gauche, mais avec le plus de pragmatisme que possible.

Le souci premier en France n'est certainement pas de faire la guerre à la consommation de cannabis, mais plutôt aux violences qui découlent de sa prohibition. Ma première proposition est donc simple : Légalisons ce produit. M. Daniel Vaillant, ancien Ministre de l'intérieur qui n'est pas réputé pour être un grand consommateur de Cannabis le propose et a rédigé un rapport très facile à trouver sur internet, que je vous suggère vivement de consulter.

L'objectif est très simple : retirer le marché du cannabis aux mafias des quartiers, créer des emplois, abonder les caisses de la sécurité sociale de près de 200.000 € d'euros au moins (le marché du cannabis représenterait à minima, 1 milliard d'euros de chiffre d'affaire), et supprimer donc les guerres des gangs qui découlent de la vente de ce produit. Je préfère nettement que des jeunes qui se soient fait une spécialité du commerce de cannabis le fassent dans un cadre réglementé avec des normes sanitaires bien précises, que laisser une mafia pourrir nos quartiers uniquement pour encenser la morale et surtout l'hypocrisie de politiciens incompétents. Qu'on se le dise tout de même, la légalisation ne signifiera pas que la production et la revente illicite de cannabis ne sera pas sanctionnée par la loi. Ni une détention d'une petite quantité non justifiée par une facture, ou plus grave encore, d'une quantité de cannabis dépassant le plafond imposé par la loi, qui pourrait être de 3 à 5 grammes environ par personne et par jour. Une exception à la règle serait le droit de cultiver à domicile un maximum de trois plants pour sa consommation récréative uniquement, avec interdiction formelle de revente. Une déclaration en mairie serait alors obligatoire, et toute culture non déclarée serait considérée comme étant illégale.

Une fois ce premier problème abordé, il y'a deux autres volets préventifs à mettre en place. Le premier étant la rénovation des quartiers. Il est tout à fait logique que des tours « cages-à-lapins » datant du milieu des années 60, réduisent l'espace vital de leurs habitants et augmentent le stress. Ce n'est pas exactement la même chose de vivre à la campagne où l'on a pas de raison démographique de se sentir oppressé, et de vivre dans une banlieue grise et surpeuplée. Il y'a donc une première nécessité que de transférer le maximum de Français vers les campagnes (je l'ai expliqué plus haut), et pour le moins casser les vieilles barres de béton pour construire moins haut et moins dense. Cela se fait doucement aujourd'hui, mais au vu du problème réellement prégnant de l'insécurité, je pense qu'il est nécessaire de prendre le taureau par les cornes et multiplier d'un facteur trois quant à cette politique de la ville. La sécurité publique est indissociable de la politique de la ville, et une autre mesure sera de rapprocher et simplifier le lien entre les administrations et les citoyens, notamment en veillant à ce que les mairies et annexes de quartier, puissent proposer tous les services administratifs habituels (CAF, Sécurité Sociale, Emploi, etc). Des moyens humains devront faciliter le traitement des dossiers, et il y'aura nécessité d'exiger beaucoup moins de documents à fournir pour obtenir quelque chose d'une administration. Tous les quartiers reconstruits devront disposer d'un nombre d'espaces verts conséquent. Les projets d'urbanisme devront autant que possible agir sur notre état de stress en veillant à ce que les quartiers épousent des formes, des couleurs et des services qui soient le plus apaisants que possibles.

Nous nous débarrasserons aussi d'un autre tabou bien Français, celui de recenser la population avec les questions habituelles, mais aussi celles de l'origine ethnique et de la confession. Je trouve particulièrement raciste de nier les différences de chacun en se pinçant le nez sous le prétexte fallacieux d'égalitarisme. Non, le peuple Français est beau par ce qu'il est riche de sa diversité. Et on ne peut pas prendre en compte la complexité de ses problèmes sociétaux s'en chercher à connaître exactement sa diversité. Il est évident que les banlieues et particulièrement les cités dortoirs sont majoritairement peuplées de Français dont les parents ou les grands parents sont principalement originaires du Maghreb ou d'Afrique Noire. Pourquoi s'en faire un tabou ? C'est parfaitement imbécile, surtout si l'on souhaite réduire les problèmes de communautarisme. Car quitte à reloger des gens, autant favoriser la mixité ethnique et confessionnelles pour que les Français de « souche » et ceux ayant des origines diverses et variées se connaissent, se comprennent et s'entendent au lieu de s'ostraciser dans des repères culturels tous biaisés. Un maghrébin revendiquant ses origines algériennes se marginalise autant en France qu'en Algérie, car contrairement aux apparences, beaucoup d'Algériens sont très critiques avec une jeunesse qui cherche son identité en France.

Les origines de chacun contribuent pour partie à nos repères culturels individuels. Mais il est nécessaire que chacun se considère comme Français, en tire un minimum de fierté, du moins de reconnaissance.

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