Pour introduire ce long chapitre,
je compte d'abord briser un tabou bien Français qui est à l'origine
de la moitié du problème de l'insécurité en France. Si très
vite, j'en viendrais aux mesures qui visent à sanctionner les délits
et crimes qui pourrissent le quotidien des Français, il me paraît
nécessaire d'investiguer ce qui peut prévenir autant que possible
les violences dans les quartiers. Et à n'en pas douter, la
prohibition de la consommation et de la vente de cannabis est un
point clé qu'il convient d'aborder.
Selon l'Observatoire Français
des Drogues et de la Toxicomanie (OFDT), un jeune sur deux déclare à
l'âge de 17 ans avoir déjà expérimenté la consommation de
cannabis. Ce n'est donc plus un produit marginal ou effrayant, c'est
un produit qui est rentré dans nos mœurs. Et on peut le comprendre,
les Français ont un certain goût pour l'esprit de fête, consomment
de l'alcool depuis l'antiquité (cervoise et vin) et nombreux sont
aussi les fumeurs de cigarette. De nombreuses études ont démontré
que l'alcool et le tabac sont autrement plus nocifs et addictifs que
le cannabis. Je peux en outre en témoigner personnellement. Si il
m'arrive à de très rares occasions de pouvoir consommer du cannabis
de façon récréative avec des amis, je ne trouve pas le besoin d'en
consommer quotidiennement. En revanche, j'ai beaucoup de difficultés
à pouvoir cesser ma consommation de tabac.
Toujours selon le même
organisme, les adultes ayant entre 18 et 64 ans déclaraient en 2005
avoir déjà consommé du cannabis pour 32 % d'entre eux. En termes
de mortalité, l'OFDT impute au cannabis 230 accidents de la route en
2005 soit un cinquième des accidents mortels causés par
l'alcoolémie au volant (1200 morts en 2010). Aucune étude n'arrive
pour le moment à prouver que le cannabis serait cancérigène (ce
qui est sûrement le cas comme tous les produits que l'on consomme à
l'excès) alors que l'alcool représente 40.000 décès par cancer et
le tabac, 60.000 décès.
Ces chiffres sont importants à
méditer, car on impute au cannabis des méfaits directs ou indirects
tout à fait marginaux par rapport à des drogues qui sont vendues
légalement.
En clair, pourquoi maintenir ce
produit dans l'illégalité si sa dangerosité est marginale ?
Et c'est à partir de cette
question que nous pouvons observer ce que nous coûte la prohibition
de ce produit :
Selon Christian Ben Lakhdar,
chercheur à l'université Catholique de Lille a évalué le coût
social du cannabis à près d'un milliard d'euros dont plus de 500
Millions uniquement dans la mobilisation des forces de police. La
consommation de cannabis en 2009 a permis de faire fonctionner
l'imbécile politique du chiffre de Nicolas Sarkozy avec 140.000
interpellations. Le rapport de Daniel Vaillant précise que les
interpellations concernant les revendeurs de ce produit sont en
revanche globalement stables avec 15.000 procédures par an. A raison
de 3300 euros le coût de l'interpellation, on peut comprendre les
chiffres expliqués plus hauts.
Une politique répressive donc
qui nous coûte beaucoup d'argent, ne marche pas et légitime les
trafics illicites. Il n'est donc pas question de juger ce problème
avec un regard de droite ou de gauche, mais avec le plus de
pragmatisme que possible.
Le souci premier en France n'est
certainement pas de faire la guerre à la consommation de cannabis,
mais plutôt aux violences qui découlent de sa prohibition. Ma
première proposition est donc simple : Légalisons ce produit.
M. Daniel Vaillant, ancien Ministre de l'intérieur qui n'est pas
réputé pour être un grand consommateur de Cannabis le propose et a
rédigé un rapport très facile à trouver sur internet, que je vous
suggère vivement de consulter.
L'objectif est très simple :
retirer le marché du cannabis aux mafias des quartiers, créer des
emplois, abonder les caisses de la sécurité sociale de près de
200.000 € d'euros au moins (le marché du cannabis représenterait
à minima, 1 milliard d'euros de chiffre d'affaire), et supprimer
donc les guerres des gangs qui découlent de la vente de ce produit.
Je préfère nettement que des jeunes qui se soient fait une
spécialité du commerce de cannabis le fassent dans un cadre
réglementé avec des normes sanitaires bien précises, que laisser
une mafia pourrir nos quartiers uniquement pour encenser la morale et
surtout l'hypocrisie de politiciens incompétents. Qu'on se le dise
tout de même, la légalisation ne signifiera pas que la production
et la revente illicite de cannabis ne sera pas sanctionnée par la
loi. Ni une détention d'une petite quantité non justifiée par une
facture, ou plus grave encore, d'une quantité de cannabis dépassant
le plafond imposé par la loi, qui pourrait être de 3 à 5 grammes
environ par personne et par jour. Une exception à la règle serait
le droit de cultiver à domicile un maximum de trois plants pour sa
consommation récréative uniquement, avec interdiction formelle de
revente. Une déclaration en mairie serait alors obligatoire, et
toute culture non déclarée serait considérée comme étant
illégale.
Une fois ce premier problème
abordé, il y'a deux autres volets préventifs à mettre en place. Le
premier étant la rénovation des quartiers. Il est tout à fait
logique que des tours « cages-à-lapins » datant du
milieu des années 60, réduisent l'espace vital de leurs habitants
et augmentent le stress. Ce n'est pas exactement la même chose de
vivre à la campagne où l'on a pas de raison démographique de se
sentir oppressé, et de vivre dans une banlieue grise et surpeuplée.
Il y'a donc une première nécessité que de transférer le maximum
de Français vers les campagnes (je l'ai expliqué plus haut), et
pour le moins casser les vieilles barres de béton pour construire
moins haut et moins dense. Cela se fait doucement aujourd'hui, mais
au vu du problème réellement prégnant de l'insécurité, je pense
qu'il est nécessaire de prendre le taureau par les cornes et
multiplier d'un facteur trois quant à cette politique de la ville.
La sécurité publique est indissociable de la politique de la ville,
et une autre mesure sera de rapprocher et simplifier le lien entre
les administrations et les citoyens, notamment en veillant à ce que
les mairies et annexes de quartier, puissent proposer tous les
services administratifs habituels (CAF, Sécurité Sociale, Emploi,
etc). Des moyens humains devront faciliter le traitement des
dossiers, et il y'aura nécessité d'exiger beaucoup moins de
documents à fournir pour obtenir quelque chose d'une administration.
Tous les quartiers reconstruits devront disposer d'un nombre
d'espaces verts conséquent. Les projets d'urbanisme devront autant
que possible agir sur notre état de stress en veillant à ce que les
quartiers épousent des formes, des couleurs et des services qui
soient le plus apaisants que possibles.
Nous nous débarrasserons aussi
d'un autre tabou bien Français, celui de recenser la population avec
les questions habituelles, mais aussi celles de l'origine ethnique et
de la confession. Je trouve particulièrement raciste de nier les
différences de chacun en se pinçant le nez sous le prétexte
fallacieux d'égalitarisme. Non, le peuple Français est beau par ce
qu'il est riche de sa diversité. Et on ne peut pas prendre en compte
la complexité de ses problèmes sociétaux s'en chercher à
connaître exactement sa diversité. Il est évident que les
banlieues et particulièrement les cités dortoirs sont
majoritairement peuplées de Français dont les parents ou les grands
parents sont principalement originaires du Maghreb ou d'Afrique
Noire. Pourquoi s'en faire un tabou ? C'est parfaitement
imbécile, surtout si l'on souhaite réduire les problèmes de
communautarisme. Car quitte à reloger des gens, autant favoriser la
mixité ethnique et confessionnelles pour que les Français de
« souche » et ceux ayant des origines diverses et variées
se connaissent, se comprennent et s'entendent au lieu de s'ostraciser
dans des repères culturels tous biaisés. Un maghrébin revendiquant
ses origines algériennes se marginalise autant en France qu'en
Algérie, car contrairement aux apparences, beaucoup d'Algériens
sont très critiques avec une jeunesse qui cherche son identité en
France.
Les origines de chacun
contribuent pour partie à nos repères culturels individuels. Mais
il est nécessaire que chacun se considère comme Français, en tire
un minimum de fierté, du moins de reconnaissance.
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