mardi 5 mars 2013

L'efficience électrique

Le site internet de Réseau de Transport d'Electricité (RTE) permet de se faire une idée de la consommation des Français, heure par heure d'énergie électrique. Globalement, entre minuit et quatre heure du matin, notre consommation totale décroit jusqu'à atteindre 40.000 Mégawatt, soit l'équivalent de 33 réacteurs nucléaires réchauffant l'eau nécessaire à la rotation des turbines ou 44 centrales thermiques (charbon) à haut rendement.

Entre 8 h et 16 h, l'activité économique fait monter les besoins en électricité jusqu'à 60.000 Mégawatt et les 53 réacteurs nucléaires dont nous disposons ne sont alors plus de trop. Pour autant, entre l’apocalypse nippone qui menace avec les centrales de Fukushima devenues quasi incontrôlables, et l'inquiétude des Français par rapport à l'énergie nucléaire, on ne peut se faire l'économie du débat.

Je ne suis pas à proprement parlé un anti-nucléaire, je considère que la France maîtrise parfaitement la technologie, que nous vivons dans une contrée globalement stable géologiquement, et je préfère une centrale ne rejetant que de la vapeur d'eau, à une centrale rejetant du monoxyde de carbone. Mais néanmoins, il y'a d'autres axes de réflexion qui relativisent le regard que je porte au nucléaire :
  1. L'uranium est une ressource épuisable au même titre que le pétrole. Nous en sommes donc dépendants.
  2. Nous savons construire, mais toujours pas démanteler une centrale nucléaire.
  3. Il existe suffisamment de technologies et de moyens d'économiser de l'électricité pour réduire progressivement le parc électro-nucléaire.
  4. Les centrales nucléaires sont des machines à produire du déchet radioactif que nous ne savons pas recycler, et que nous devrons stocker durant des millions d'années.
Cette dernière raison est sans doute celle qui nous pousse le plus à établir un programme de démantèlement progressif de toutes nos centrales. Mais avant cela, il faut pouvoir palier au déficit de production énergétique afin de pouvoir mettre à l'arrêt peu à peu les réacteurs, et envisager plus tard leur démantèlement.

Parlons d'abord des économies, car la logique pour moi est toujours l'efficience énergétique au détriment du gaspillage. D'abord, il s'agit de reconsidérer le réseau en lui-même. Un immeuble de vingt étages ou un complexe industriel sont dépendants du réseau électrique global. Une petite exploitation agricole à la campagne ou une petite usine disposant d'un panel de solutions de production énergétique, peuvent être indépendantes du réseau, ou du moins, l'alimenter.

Car l'électricité a ceci de particulier qu'elle ne se stocke que difficilement et ne peut qu'être libérée dans le réseau si inutilisée à plein par un producteur local. En local justement, nous pourrons compter sur la géothermie qui a l'avantage de produire une énergie constante, et suffisante pour un certain nombre d'exploitations. C'est particulièrement vrai dans les départements et territoires d'Outre-Mer ainsi que dans le Massif Central où les sous-sols sont chauds du fait de l'activité volcanique qui y règne. L'éolien tout comme le solaire pourront aussi y être développés mais à la condition expresse de réelle durabilité (particulièrement pour le solaire), le recyclage possible des machines et matériaux en fin de vie, et les travaux d'isolation préalable.

En clair, là où il sera possible de coupler des installations de production d'électricité rendant un bâtiment presque ou totalement indépendant du réseau, nous le ferons, mais sous contrainte expresse que des travaux d'isolation auront réduit la nécessité d'équipements. L'isolation deviendra d'ailleurs l'un des secteurs les plus porteurs d'emplois de demain. Car nous miserons énormément sur la formation d'artisans indépendants, pouvant effectuer les travaux nécessaires dans tous les bâtiments publics et privés, que ce soit le logement ou les entreprises. S'agissant des propriétaires d'un logement ou d'un bâtiment, l'Etat examinera leurs contraintes de ressources réelles. S'ils ont les moyens de libérer des capitaux pour isoler leurs biens, l'Etat leur imposera de le faire. Si ces moyens ne sont pas absents, mais pas suffisants pour que cela représente un problème budgétaire sérieux, l'Etat allouera un Crédit d'Efficience Energétique à taux zéro pour les aider, et avec un échéancier correspondant à leur capacité de remboursement réelle. Là où les propriétaires seront eux-mêmes dans l'impossibilité d'agir, l’État prendra à sa charge le coût des travaux, mais imposera en retour une taxe aux propriétaires qui bien que réduite, contribuera à amortir sur le long terme les investissements concédés par l'Etat.

Outre les investissements sur l'isolation que nous pourrons doubler d'une large promotion des pompes à chaleur, il y'a aussi le fait d'octroyer des compteurs plus intelligents aux contribuables. Ces compteurs devront être situés dans des endroits visibles et devront afficher la consommation d'électricité, mais aussi d'eau en temps réel et en francs !

Car si une consommation en kilowatt/heure ou en litres n'est que peu parlante pour l'essentiel d'entre nous, une consommation en monnaie est tout de suite pleine de sens. Si nous n'avons pas d'autres choix que de la constater, alors très naturellement, nous chercherons à faire des économies.

Autre économie possible à réaliser : l'éclairage public. Chaque nuit, l'éclairage public pompe la production d'un réacteur nucléaire pour rassurer les concitoyens sur un improbable sentiment de sécurité. Pourtant, le voyou comme l'automobiliste indélicat ne lèse pas la société en fonction de l'obscurité, mais uniquement sur l'opportunité ou l'état physiologique ou psychologique dans lesquels ils se trouvent. On peut concevoir que certains lieux comme les places publiques, les carrefours dangereux ou les grandes avenues soient éclairées la nuit, mais y'a t'il réellement besoin que de très énergivores lampes à Sodium ou à Mercure éclairent les rues et les ruelles quand tout le monde dort ? Cela n'est bien évidemment pas indispensable. Le revêtement routier peut être équipé de balises comme des plots à LED, tandis nous pouvons changer une grande partie des lampadaires par des mobiliers urbains intelligents et consommant très peu d'énergie. Les technologies existent déjà, il suffit simplement d'investir. En outre, entre 1 h du matin et 5 h, une grande partie de l'éclairage public restant, peut être éteint (notamment s'agissant du balisage routier), en considérant que nos véhicules sont équipés pour rouler de nuit, sans éclairage autre que celui intégré à l'automobile.

Une fois les questions d'économies passées, il faut bien investir sur de la production énergétique. La France selon moi, outre les énergies renouvelables pour les bâtiments privés et professionnels, peut investir dans des centrales à charbon. Rappelez vous le système B.F.S qui permet de récolter le CO² rejeté pour le transformer en carburant de synthèse. Les centrales thermiques de dernière génération le permettent. Tout comme nous pouvons aussi miser sur quelques centrales à gaz, si nous développons la méthanisation de nos déchets organiques. Se juxtaposeront les hydroliennes, les centrales à Thorium et une dernière technologie qui n'a pour l'instant bénéficié que de très peu d'investissements : Les centrales à énergie libre ou magnétiques. Ces dispositifs visent le mouvement perpétuel et se nourrissent soit du magnétisme, soit des flots de particules chargées qui traversent la Terre à chaque instant. A défaut de pouvoir juger de leurs qualités et leur efficience à un niveau industriel, nous investirons dans la recherche et la fabrication de prototypes pour vérifier leur intérêt avant de les industrialiser.

La plupart des anti-nucléaires souhaiteraient installer des éoliennes partout sur le territoire. J'affirme très clairement y être hostile. J'accepte très volontiers l'éolien offshore, ou l'installation de turbines dans les zones industrielles ou de façon plus isolées dans les exploitations agricoles, mais je suis soucieux du paysage. Selon les estimations de Gilles Drogou qui a rédigé un excellent essai sur la question, il faudrait à la France un parc de plus de 140.000 éoliennes pour nous passer de l'énergie nucléaire. Cela donne une petite idée du chantier, même s'il est évident qu'il vaut mieux une pluralité d'outils de production qu'un seul type de technologie. Car nous développerons massivement les énergies renouvelables, cela ne fait aucun doute. Je vais reprendre ici quelques chiffres de Gilles Drogou, il faut 10 m² de panneaux solaires pour produire un kilowatt. En considérant les différences d'ensoleillement nord/sud du pays, il faudrait donc 5000 Km² de panneaux solaires pour produire l'électricité nécessaire à notre pays et fermer définitivement les centrales solaires. Sans aller jusque là, la technologie évoluant vite, la durée de vie, la disponibilité et le recyclage des matériaux s'améliorant, le Solaire, et particulièrement le thermique est clairement une technologie à ne surtout pas négliger. D'autant que les 5000 Km², sans même le vérifier par des calculs savants impossibles à générer, nous les avons avec les toits des habitations.

Enfin, un petit mot sur le projet ITER. Il convient de rappeler que la Fusion impose de se rapprocher de températures que l'on retrouve au cœur du Soleil. Aucun matériaux ne peut subir une telle chaleur sans être profondément altéré. Il s'agit donc de créer un champs magnétique pour diriger les flux de plasma chauds dans le réacteur. Hors ce champs magnétique nécessite un puissant courant électrique et un refroidissement proche du zéro absolu ( - 273°C ) des parois extérieurs au réacteur. ITER ne fera que gaspiller autant de fonds publics que d'électricité, sans produire quoi que ce soit, ni assurer une réelle réussite scientifique ou simplement garantir une sécurité d'exploitation optimale. Le parlement, dont nous verrons qu'une bonne Constitution doit totalement réformer devra se prononcer sur le maintien du financement de ce projet. Je suis autant curieux de savoir ce que pourrait produire comme résultats scientifiques le projet ITER, que je suis soucieux des conséquences sur tous les plans.

1 commentaire:

  1. Le pari d'ITER est évidemment risqué. Mais la science a toujours progressé de cette façon. Si ça marche, (je ne serai plus là) le monde sera sauvé. mais en vaut-il la peine ? C'est la vraie question.

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