Le
site internet de Réseau de Transport d'Electricité (RTE) permet de
se faire une idée de la consommation des Français, heure par heure
d'énergie électrique. Globalement, entre minuit et quatre heure du
matin, notre consommation totale décroit jusqu'à atteindre 40.000
Mégawatt, soit l'équivalent de 33 réacteurs nucléaires
réchauffant l'eau nécessaire à la rotation des turbines ou 44
centrales thermiques (charbon) à haut rendement.
Entre
8 h et 16 h, l'activité économique fait monter les besoins en
électricité jusqu'à 60.000 Mégawatt et les 53 réacteurs
nucléaires dont nous disposons ne sont alors plus de trop. Pour
autant, entre l’apocalypse nippone qui menace avec les centrales de
Fukushima devenues quasi incontrôlables, et l'inquiétude des
Français par rapport à l'énergie nucléaire, on ne peut se faire
l'économie du débat.
Je
ne suis pas à proprement parlé un anti-nucléaire, je considère que la France maîtrise
parfaitement la technologie, que nous vivons dans une contrée
globalement stable géologiquement, et je préfère une centrale ne
rejetant que de la vapeur d'eau, à une centrale rejetant du monoxyde
de carbone. Mais néanmoins, il y'a d'autres axes de réflexion qui
relativisent le regard que je porte au nucléaire :
- L'uranium est une ressource épuisable au même titre que le pétrole. Nous en sommes donc dépendants.
- Nous savons construire, mais toujours pas démanteler une centrale nucléaire.
- Il existe suffisamment de technologies et de moyens d'économiser de l'électricité pour réduire progressivement le parc électro-nucléaire.
- Les centrales nucléaires sont des machines à produire du déchet radioactif que nous ne savons pas recycler, et que nous devrons stocker durant des millions d'années.
Cette
dernière raison est sans doute celle qui nous pousse le plus à
établir un programme de démantèlement progressif de toutes nos
centrales. Mais avant cela, il faut pouvoir palier au déficit de
production énergétique afin de pouvoir mettre à l'arrêt peu à
peu les réacteurs, et envisager plus tard leur démantèlement.
Parlons
d'abord des économies, car la logique pour moi est toujours
l'efficience énergétique au détriment du gaspillage. D'abord, il
s'agit de reconsidérer le réseau en lui-même. Un immeuble de vingt
étages ou un complexe industriel sont dépendants du réseau
électrique global. Une petite exploitation agricole à la campagne
ou une petite usine disposant d'un panel de solutions de production
énergétique, peuvent être indépendantes du réseau, ou du moins,
l'alimenter.
Car
l'électricité a ceci de particulier qu'elle ne se stocke que
difficilement et ne peut qu'être libérée dans le réseau si
inutilisée à plein par un producteur local. En local justement,
nous pourrons compter sur la géothermie qui a l'avantage de produire
une énergie constante, et suffisante pour un certain nombre
d'exploitations. C'est particulièrement vrai dans les départements
et territoires d'Outre-Mer ainsi que dans le Massif Central où les
sous-sols sont chauds du fait de l'activité volcanique qui y règne.
L'éolien tout comme le solaire pourront aussi y être développés
mais à la condition expresse de réelle durabilité
(particulièrement pour le solaire), le recyclage possible des
machines et matériaux en fin de vie, et les travaux d'isolation
préalable.
En
clair, là où il sera possible de coupler des installations de
production d'électricité rendant un bâtiment presque ou totalement
indépendant du réseau, nous le ferons, mais sous contrainte
expresse que des travaux d'isolation auront réduit la nécessité
d'équipements. L'isolation deviendra d'ailleurs l'un des secteurs
les plus porteurs d'emplois de demain. Car nous miserons énormément
sur la formation d'artisans indépendants, pouvant effectuer les
travaux nécessaires dans tous les bâtiments publics et privés, que
ce soit le logement ou les entreprises. S'agissant des propriétaires
d'un logement ou d'un bâtiment, l'Etat examinera leurs contraintes
de ressources réelles. S'ils ont les moyens de libérer des capitaux
pour isoler leurs biens, l'Etat leur imposera de le faire. Si ces
moyens ne sont pas absents, mais pas suffisants pour que cela
représente un problème budgétaire sérieux, l'Etat allouera un
Crédit d'Efficience Energétique à taux zéro pour les aider, et
avec un échéancier correspondant à leur capacité de remboursement
réelle. Là où les propriétaires seront eux-mêmes dans
l'impossibilité d'agir, l’État prendra à sa charge le coût des
travaux, mais imposera en retour une taxe aux propriétaires qui bien
que réduite, contribuera à amortir sur le long terme les
investissements concédés par l'Etat.
Outre
les investissements sur l'isolation que nous pourrons doubler d'une
large promotion des pompes à chaleur, il y'a aussi le fait
d'octroyer des compteurs plus intelligents aux contribuables. Ces
compteurs devront être situés dans des endroits visibles et devront
afficher la consommation d'électricité, mais aussi d'eau en temps
réel et en francs !
Car
si une consommation en kilowatt/heure ou en litres n'est que peu
parlante pour l'essentiel d'entre nous, une consommation en monnaie
est tout de suite pleine de sens. Si nous n'avons pas d'autres choix
que de la constater, alors très naturellement, nous chercherons à
faire des économies.
Autre
économie possible à réaliser : l'éclairage public. Chaque
nuit, l'éclairage public pompe la production d'un réacteur
nucléaire pour rassurer les concitoyens sur un improbable sentiment
de sécurité. Pourtant, le voyou comme l'automobiliste indélicat ne
lèse pas la société en fonction de l'obscurité, mais uniquement
sur l'opportunité ou l'état physiologique ou psychologique dans
lesquels ils se trouvent. On peut concevoir que certains lieux comme
les places publiques, les carrefours dangereux ou les grandes avenues
soient éclairées la nuit, mais y'a t'il réellement besoin que de
très énergivores lampes à Sodium ou à Mercure éclairent les rues
et les ruelles quand tout le monde dort ? Cela n'est bien
évidemment pas indispensable. Le revêtement routier peut être
équipé de balises comme des plots à LED, tandis nous pouvons
changer une grande partie des lampadaires par des mobiliers urbains
intelligents et consommant très peu d'énergie. Les technologies
existent déjà, il suffit simplement d'investir. En outre, entre 1 h
du matin et 5 h, une grande partie de l'éclairage public restant,
peut être éteint (notamment s'agissant du balisage routier), en
considérant que nos véhicules sont équipés pour rouler de nuit,
sans éclairage autre que celui intégré à l'automobile.
Une
fois les questions d'économies passées, il faut bien investir sur
de la production énergétique. La France selon moi, outre les
énergies renouvelables pour les bâtiments privés et
professionnels, peut investir dans des centrales à charbon. Rappelez
vous le système B.F.S qui permet de récolter le CO² rejeté pour
le transformer en carburant de synthèse. Les centrales thermiques de
dernière génération le permettent. Tout comme nous pouvons aussi
miser sur quelques centrales à gaz, si nous développons la
méthanisation de nos déchets organiques. Se juxtaposeront les
hydroliennes, les centrales à Thorium et une dernière technologie
qui n'a pour l'instant bénéficié que de très peu
d'investissements : Les centrales à énergie libre ou
magnétiques. Ces dispositifs visent le mouvement perpétuel et se
nourrissent soit du magnétisme, soit des flots de particules
chargées qui traversent la Terre à chaque instant. A défaut de
pouvoir juger de leurs qualités et leur efficience à un niveau
industriel, nous investirons dans la recherche et la fabrication de
prototypes pour vérifier leur intérêt avant de les industrialiser.
La
plupart des anti-nucléaires souhaiteraient installer des éoliennes
partout sur le territoire. J'affirme très clairement y être
hostile. J'accepte très volontiers l'éolien offshore, ou
l'installation de turbines dans les zones industrielles ou de façon
plus isolées dans les exploitations agricoles, mais je suis soucieux
du paysage. Selon les estimations de Gilles Drogou qui a rédigé un
excellent essai
sur la question, il faudrait à la France un parc de plus de 140.000
éoliennes pour nous passer de l'énergie nucléaire. Cela donne une
petite idée du chantier, même s'il est évident qu'il vaut mieux
une pluralité d'outils de production qu'un seul type de technologie.
Car nous développerons massivement les énergies renouvelables, cela
ne fait aucun doute. Je vais reprendre ici quelques chiffres de
Gilles Drogou, il faut 10 m² de panneaux solaires pour produire un
kilowatt. En considérant les différences d'ensoleillement nord/sud
du pays, il faudrait donc 5000 Km² de panneaux solaires pour
produire l'électricité nécessaire à notre pays et fermer
définitivement les centrales solaires. Sans aller jusque là, la
technologie évoluant vite, la durée de vie, la disponibilité et le
recyclage des matériaux s'améliorant, le Solaire, et
particulièrement le thermique est clairement une technologie à ne
surtout pas négliger. D'autant que les 5000 Km², sans même le
vérifier par des calculs savants impossibles à générer, nous les
avons avec les toits des habitations.
Enfin,
un petit mot sur le projet ITER. Il convient de rappeler que la
Fusion impose de se rapprocher de températures que l'on retrouve au
cœur du Soleil. Aucun matériaux ne peut subir une telle chaleur
sans être profondément altéré. Il s'agit donc de créer un champs
magnétique pour diriger les flux de plasma chauds dans le réacteur.
Hors ce champs magnétique nécessite un puissant courant électrique
et un refroidissement proche du zéro absolu ( - 273°C ) des parois
extérieurs au réacteur. ITER ne fera que gaspiller autant de fonds
publics que d'électricité, sans produire quoi que ce soit, ni
assurer une réelle réussite scientifique ou simplement garantir une
sécurité d'exploitation optimale. Le parlement, dont nous verrons
qu'une bonne Constitution doit totalement réformer devra se
prononcer sur le maintien du financement de ce projet. Je suis autant
curieux de savoir ce que pourrait produire comme résultats
scientifiques le projet ITER, que je suis soucieux des conséquences
sur tous les plans.
Le pari d'ITER est évidemment risqué. Mais la science a toujours progressé de cette façon. Si ça marche, (je ne serai plus là) le monde sera sauvé. mais en vaut-il la peine ? C'est la vraie question.
RépondreSupprimer