dimanche 31 mars 2013

Etat des lieux de la France dans l'Union Européenne (partie 3)

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Poursuivons encore avec un dernier article du Traité de Lisbonne, car il serait long de tous les citer et les expliquer. Il s'agit de l'article 123 du T.F.U.E qui nous interdit d'emprunter à notre propre banque centrale à taux zéro, l'argent nécessaire au financement de nos déficits, de nos institutions et collectivités territoriales.

Tous les pays du monde sauf ceux de l'Union Européenne disposent d'une souveraineté pleine et entière sur leur banque centrale à ces fins. Certains en abusent, c'est évident, mais ce qui compte, c'est de s'épargner l'obligation d'emprunter sur les marchés à des taux usuriers handicapants quand on peut emprunter à taux zéro. Sachez que la France sur une dette d'environ 1800 Milliards d'euros, a 1400 Milliards d'euros de charge d'intérêts à payer du fait que nous interdisons depuis bien avant le Traité de Maastricht, d'utiliser notre banque centrale normalement. Cela signifie que le capital emprunté correspond à 400 Milliards d'euros, mais que nous en payons 1400 de trop du seul fait que nous rachetons constamment notre dette, et que les intérêts s'empilent sur les intérêts.

Pour mieux comprendre ce phénomène, il suffit simplement d'imaginer que vous ayez un crédit à la consommation. Mais vos revenus sont trop faibles pour l'honorer normalement. Comme vous n'êtes pas un État Souverain ayant la possibilité de prononcer un défaut, mais un simple particulier, vous n'avez que deux possibilités : Payer quoi qu'il arrive votre dette, quitte à ne plus payer votre loyer, vos factures et votre nourriture, et si vous pouviez fonctionner comme la France, vous en profiteriez pour racheter votre crédit au moindre incident de paiement, en contractant un crédit qui couvre le montant du précédent crédit, et votre déficit. Vous empilez de la dette sur de la dette, et les intérêts eux aussi s'empilent. Jusqu'à ce que ces derniers deviennent le gros de votre dette et que le capital restant dû devient négligeable dans votre hyper-endettement.

Si en plus, une agence de notation capitalisée indirectement par Goldman Sachs ou Jp Morgan, vient expliquer à votre banquier que vous risquez de faire défaut, votre banquier devenu plus méfiant vous découragera d'emprunter en faisant croître les taux d'intérêts. En tant que particulier, vous cesserez de toute façon d'emprunter car on ne vous permettra pas de racheter votre dette. Mais quand vous êtes un État et que vous représentez une population de 65 Millions de personnes à nourrir, vous n'avez pas le choix. Vous allez continuer de vous endetter pour pallier à un manque de rentrées d'argent (impôts directs et indirects) du fait que votre population est trop appauvrie pour consommer normalement (TVA) ou pour s'acquitter de l'impôt sur le revenu. En revanche, du fait que le Traité de Lisbonne permet les délocalisations d'entreprises et la destruction des emplois industriels en France, vous avez beaucoup plus de chômeurs à entretenir. Le coût social de la misère étant très élevé, il faut emprunter pour l'honorer. Voila pourquoi les économistes un peu sérieux n'hésitent pas à parler d'une Pyramide de Ponzi s'agissant de l'endettement extrême des Nations occidentales.

La pyramide de Ponzi est une forme d'escroquerie qui a été élaborée par l'Italien Charles Ponzi au début du siècle dernier. Il s'agissait de proposer à ses victimes d'investir leur argent dans son affaire, et les rémunérer ensuite avec l'argent des investisseurs suivants. Tant que M. Ponzi trouvait des gogos pour mettre de l'argent dans sa petite affaire, cela fonctionnait, car les derniers investisseurs rémunéraient les premiers. Mais dès lors qu'il n'eut plus de victimes à escroquer, ce fut la fin de la partie. En ne pouvant plus rémunérer les premiers investisseurs, la pyramide s'effondre. C'est exactement ce qui s'est passé lorsque le 12 décembre 2008, l'escroc Américain Bernard Madoff a été arrêté pour avoir floué à hauteur de 50 milliards de Dollars des milliers d'investisseurs, notamment des banques.

Hors la comparaison avec l'endettement des États est pertinente, puisqu'à terme, tous les spécialistes de la finance savent que des pays aussi puissants que les États-Unis ou la France finiront par se retrouver en défaut de paiement. Ne restera qu'un choix possible pour nos dirigeants : Ne plus payer les services régaliens de sécurité et de santé, au risque clair d'être destitués par un coup d’État militaire (ou policier) afin de rétablir l'ordre face à une situation de chaos social, soit s'astreindre à faire tourner la planche à billets en empruntant directement à notre propre Banque Centrale, pour régler les fonctionnaires et continuer de faire tourner la machine, cela au prix d'une très certaine hyperinflation.

Lorsque la France emprunte sur les marchés, ont dit qu'elle émet des obligations. Lorsque des investisseurs achètent ces obligations, ils achètent en vérité un pari sur le temps avant l'effondrement. Ils savent que les données macro-économiques ne permettent pas à notre pays de disposer de rentrées fiscales suffisantes pour honorer ses dettes, mais tant que nous n'en sommes pas à faire le choix impossible de régler notre dette ou sortir de l'union européenne (nous allons voir pourquoi tout à l'heure), les investisseurs profitent des taux d'intérêts et de la relative sécurité temporelle quant aux remboursement de nos emprunts d’États.

Si la Grèce est actuellement surendettée, c'est en grande partie à cause de l'article 123 du Traité de Lisbonne qui l'empêche d'emprunter à sa propre banque centrale, l'argent dont elle a besoin. En ayant l'obligation d'emprunter sur les marchés, elle s'impose des taux d'intérêts monstrueux sur sa dette. Voila l'explication de l'austérité Grecque : Plutôt que de sortir de l'U.E en urgence, prononcer le défaut de paiement et faire marcher la planche à billets en Drachme restaurée, les dirigeants corrompus d'un pays qui a inventé la Démocratie, préfèrent saigner leur propre peuple pour payer des dettes irremboursables de toute façon.

Afin de bien comprendre de quoi nous parlons, il faut comprendre que nous sommes sous l'empire de l'argent-dette. Lorsque vous manipulez un billet de 10 €, c'est en vérité une obligation de l’État à votre endroit que vous avez entre les mains. Dit autrement, c'est une reconnaissance de dette de l’État d'une valeur de 10 € qui vous sert de monnaie d'échange. Extrapolons désormais : La monnaie fiduciaire ne représente qu'un infime pourcentage de la totalité de la monnaie en circulation. Le gros de la monnaie existante n'est qu'un jeu d'écriture. On l'appelle la monnaie scripturale. Pour reprendre l'exemple de votre épargne de un million d'euro, en sachant que votre banque ne la détient pas sous forme fiduciaire (billets), c'est un jeu d'écriture. Autrement dit une reconnaissance de dette de la banque à votre endroit d'un million d'euro. C'est cela qu'on appelle la monnaie scripturale.

La monnaie qui est crée par les banques centrales est appelée tout bêtement « monnaie centrale ». Si par exemple, une banque a besoin de se recapitaliser à hauteur de 10 Milliards d'euros, l’État (soit nous) signera une reconnaissance de dettes de 10 Milliards d'euros à la banque nécessiteuse pour créer cette monnaie centrale. Toute création monétaire est toujours une création de dette. Hors, une loi simple explique que plus la monnaie est rare, plus elle a de la valeur. A l'inverse, plus l'on jette de la monnaie dans la circulation, plus celle-ci se déprécie du fait de son abondance. En notre nom, l’État peut donc créer une dette de 10 Milliards d'euros. Cette dette est dans un premier temps une avance du peuple de 10 Milliards d'euros. La banque qui reçoit cette monnaie centrale est tenue de rembourser cet argent. Lorsque la totalité de l'argent avancé a été remboursé par la Banque, on dit que la monnaie a été détruite. L'avance de 10 Milliards d'euros n'existant plus par son remboursement, la valeur de la monnaie reste donc stable. En revanche, si la banque n'honore pas le remboursement de cette dette à l'égard de la Banque Centrale, cette monnaie jetée dans la circulation ne sera donc pas détruite. C'est alors l'inflation. La masse monétaire augmente et par voie de conséquence, la monnaie se déprécie.

Seulement, lorsqu'une banque emprunte de la monnaie centrale, elle le fait en général à très faible taux (entre 0,25% et 2 %) dans la plupart des pays occidentaux. Ces très faibles taux, nous n'avons pas le droit d'en profiter. C'est pourtant notre monnaie, notre banque centrale, le risque pris sur cette création monétaire ne l'est que par le peuple Souverain, mais on interdit à ce dernier, de pouvoir emprunter directement à sa propre Banque Centrale. Nous prêtons donc NOTRE propre monnaie à très faible taux à des banques privées, qui nous reprêteront NOTRE argent à des taux nettement plus élevés.

Voila ce que l'article 123 du Traité de Lisbonne impose aux peuples :

Une véritable escroquerie à dimension politique et européenne.

Si les bêtises de nos politiciens ont causé il est vrai des déficits constants sur notre budget national, il n'en demeure pas moins que notre dette souveraine n'aurait jamais atteint 1800 milliards d'euros si nous avions pu disposer de notre banque centrale normalement. Elle serait aujourd'hui de quelques centaines de milliards d'euros « seulement ».

L'article 123 est en fait une exigence typiquement germanique. Les Allemands contrairement aux Français considèrent qu'une Banque Centrale doit être indépendante des appareils politiques afin d'éviter que ces derniers, sur la base de promesses électorales, utilisent de façon inconséquente la fameuse planche à billets. Il faut comprendre que dans les années 1930, les Allemands ont connu une hyperinflation qui a réellement traumatisé ce peuple. Cette hyperinflation a notamment permis la montée en puissance de Hitler (qui a d'ailleurs réussi à la régler). Cette indépendance de la Banque Centrale permet donc (aux dires des monétaristes qui la défendent encore), de limiter l'inflation. Factuellement, cela n'est pas vrai puisque d'autres facteurs que la création monétaire provoquent la montée des prix. En premier lieu la financiarisation de l'économie (la spéculation et la vision court-termiste des investisseurs est dé-corrélée de l'économie réelle), mais on peut aussi ajouter la raréfaction de l'extraction des matières premières. Ajoutons en outre que le capitalisme pur et dur auquel nous sommes asservis, induit l'idée que très peu de personnes font de l'argent avec l'achat et la revente de marchandises, ce qui suppose de créer la monnaie manquante pour supporter ce modèle, mais en outre les capitalistes thésaurisent à l'excès. Un milliardaire n'étant rien d'autre qu'un personnage qui séquestre de la monnaie à hauteur de plusieurs milliards d'euros, monnaie donc qui ne circule pas et n'a aucune raison d'être détruite.

Pour conclure le problème que pose l'Union Européenne, c'est le glacis géopolitique induit par cette construction étatique très artificielle réunissant différents peuples ayant une histoire, une culture, une langue et des intérêts économiques et géopolitiques très différents. Ce mariage forcé provoque un auto-blocage puisqu'il est impossible de mettre d'accord autant de conflits d'intérêts, sans que Washington comme nous l'avons vu plus haut, nous recommande ses propres suggestions. Et lorsqu'une décision est prise, bien souvent elle l'est au détriment de nombreux pays dont le notre.

Si nous devions faire une analogie entre l'Union Européenne et une autre institution qui a aujourd'hui disparu, nous pourrions dire que l'U.E n'est rien d'autre qu'un U.R.S.S dont le dogme économique n'est pas « communiste », mais ultra-libéral.

Les deux dogmes étant de toute façon extrêmes dans leurs fondamentaux et non pertinents par rapport aux enjeux écologiques et sociaux actuels, il est urgent de sortir de cette institution pour récupérer la totalité de notre boite à outil, et mener une politique différente. Vous me pardonnerez de ne pas vouloir m'attarder sur les objections habituelles réduisant une telle vue d'esprit à du nationalisme, du repli sur soi ou autres foutaises de propagande européïste, j'ai la prétention de croire que le lecteur qui a l'ouverture d'esprit de lire mes écrits, saura dépasser ces vues d'esprits et raisonner de façon pragmatique. Sortir de l'U.E et démanteler l'institution n'est absolument pas une forme de patriotisme exacerbé. Il y'avait une vie avant l'Europe, il y'en aura une après, et des pays comme la Suisse ou la Norvège s'en sortent très bien aujourd'hui, ne sont en guerre avec personne, alors qu'ils ne sont justement pas dans l'Union Européenne.

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