dimanche 31 mars 2013

Etat des lieux de la France dans l'Union Européenne (partie 2)

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La Commission Européenne est en vérité le véritable gouvernement de la France, dont l'ensemble des membres jusqu'à son Président n'ont jamais été soumis à aucun suffrage électoral. La Commission Européenne dispose de tous les leviers techniques de notre pays pour réguler nos échanges, qui peuvent influer sur le maintien des emplois industriels en France. Et cette Commission étant profondément libérale et, on s'en doute, aux ordres de Washington, ne négocie aucunement des accords commerciaux en notre faveur. Elle fait exactement l'inverse.

La valeur de l'euro n'est en effet pas le seul problème de notre industrie. Et ne blâmons pas les Chinois qui ne font que tirer avantage d'une situation politico-économique issue d'un dogme bien entretenu en Europe. La principale concurrence déloyale ne nous vient d'ailleurs pas de Chine, mais d'Etats-Membres de l'Union Européenne. L’Allemagne importe directement ou indirectement de la main-d'oeuvre bon marché, tant pour son agriculture que son industrie. Cela est dû au fait qu'il n'y a pas de salaire minimum en Allemagne, une couverture sociale bien moindre qu'en France, et surtout, ce pays est à cheval entre la France et les pays de l'est.

Pays de l'est où les salaires sont inférieurs à 400 € par mois, et qui peuvent librement échanger avec la France, marchandises et services. Réfléchissez, il suffit simplement de comparer le salaire brut de n'importe quel smicard Français pour constater que le coût de notre main d’œuvre est nettement plus élevé que dans la plupart des pays Européens. Cela ne poserait aucun problème, si nous disposions des outils nécessaires pour réguler les importations, en privilégiant l'emploi en France, mais ça n'est plus le cas.

Une autre aberration du Traité de Lisbonne aggravant cette situation, est l'article 63 du T.F.U.E qui interdit spécifiquement toutes restrictions aux flux de capitaux, tant au sein de l'Union Européenne qu'à l'extérieur de l'institution. Cela paraît très technique et innocent, mais en vérité c'est diaboliquement simple et lourd de conséquences.

Supposons que vous soyez un richissime industriel désirant vous affranchir du coût de la main d’œuvre de vos salariés Français, en investissant dans une usine en Roumanie ou en Chine par exemple. Pour cela, il faut pouvoir transformer vos euros en Leu Roumain ou en Yuan. Et comme la construction d'une usine, cela coûte quelques millions, vous aurez beaucoup d'euros à convertir et sortir du pays. Eh bien rien ne vous empêche de le faire, puisqu'il est interdit de contrôler les flux de capitaux entrants et surtout ceux qui sortent. Cela signifie que rien ne vous empêche de délocaliser vos capitaux afin de fermer une usine en France et en ouvrir une autre ailleurs. Mais rien ne vous empêchera pour autant de continuer à vendre vos produits en France.

Plus subtil encore, mais tout aussi grave. Postulons que vous soyez un très riche épargnant Grec, qui sent le vent tourner et fort d'un bon suivi de l'actualité européenne et financière, savez pertinemment que la Grèce non seulement sortira de l'Union Européenne et de l'euro, mais fera en plus défaut sur sa dette à terme.

Comme l'euro est une monnaie commune (et non unique), votre euro Grec n'a donc pas exactement la même valeur en Grèce qu'en Allemagne. Car si en Grèce, votre euro est une Drachme déguisée qui risque fort de finir sacrément dévaluée pour relancer l'économie Grecque après des années de torture financière et géopolitique, placé en Allemagne, votre euro Grec devient un euro Allemand, soit un Mark qui lui risquera fort d'être apprécié si l'Allemagne finit par se résoudre à cesser de payer la note de l'endettement des pays périphériques en sortant à son tour de l'U.E (risque bien réel).

Comme aucune restriction des capitaux n'est possible de part les traités européens, vous pouvez sans problème ouvrir un compte en Allemagne ou même dans n'importe quel paradis fiscal au Monde, pour évacuer votre épargne de Grèce et faire fructifier votre argent par les taux de change et les intérêts.

Ainsi, la Grèce a vu des dizaines de milliards d'euros s'échapper du pays, mais en Espagne, c'est carrément la moitié du P.I.B de la péninsule qui s'est enfuit. Hors, il faut savoir que le système monétaire est conçu de telle façon, à ce qu'une Banque n'ait pas l'obligation de détenir la totalité de la monnaie sous forme fiduciaire (pièces et billets) correspondant aux soldes des comptes. En clair, ce n'est pas par ce que votre relevé de compte indique que vous disposez de la coquette somme de 10.000.000 d'euros, que votre agence dispose de cet argent en liquide. Tout établissement financier a en vérité un bilan comptable très précis avec les actifs d'un côté (les dettes) et son passif (les créances sur ses clients). Dans ce qui fait le passif d'une banque, il y'a l'argent que nous y déposons, même si en France, la législation fait que l'épargne est consignée et garantie par la Caisse des dépôts. Mais simplifions, pour une banque, l'argent que vous déposez sur votre compte courant ou votre produit d'épargne est un passif. Tout comme l'argent que vous devez lui rembourser si vous avez contracté un crédit. Si jamais vos plus riches clients vident leurs comptes, et que vos clients les plus pauvres, cessent d'honorer le remboursement de leur crédit, ne vous restent que les dettes. Le bilan des banques Grecques, Espagnoles, Irlandaises, Chypriotes, Maltaises, Portugaises, Italiennes, mais aussi Belges et Françaises s'est ainsi très sérieusement dégradé, tant du fait de la pauvreté croissante des clients ne pouvant plus honorer le remboursement de leur crédit, que de la fuite des capitaux permise par l'article 63 du Traité de Lisbonne.

Il faut savoir qu'avant le Traité de Maastricht, il fallait demander l'autorisation à Bercy pour sortir de grosses sommes d'argent de France. C'était tant un moyen pour l’État de limiter les délocalisations d'entreprises, que maintenir le contrôle sur la balance courante des paiements entre les pays.

Mais le rouleau compresseur de la dérégulation européenne est passé par là. Les rentiers et les spéculateurs sont aux anges, mais les peuples sont saignés.

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