La
Commission Européenne est en vérité le véritable gouvernement de
la France, dont l'ensemble des membres jusqu'à son Président n'ont
jamais été soumis à aucun suffrage électoral. La Commission
Européenne dispose de tous les leviers techniques de notre pays pour
réguler nos échanges, qui peuvent influer sur le maintien des
emplois industriels en France. Et cette Commission étant
profondément libérale et, on s'en doute, aux ordres de Washington,
ne négocie aucunement des accords commerciaux en notre faveur. Elle
fait exactement l'inverse.
La
valeur de l'euro n'est en effet pas le seul problème de notre
industrie. Et ne blâmons pas les Chinois qui ne font que tirer
avantage d'une situation politico-économique issue d'un dogme bien
entretenu en Europe. La principale concurrence déloyale ne nous
vient d'ailleurs pas de Chine, mais d'Etats-Membres de l'Union
Européenne. L’Allemagne importe directement ou indirectement de la
main-d'oeuvre bon marché, tant pour son agriculture que son
industrie. Cela est dû au fait qu'il n'y a pas de salaire minimum en
Allemagne, une couverture sociale bien moindre qu'en France, et
surtout, ce pays est à cheval entre la France et les pays de l'est.
Pays
de l'est où les salaires sont inférieurs à 400 € par mois, et
qui peuvent librement échanger avec la France, marchandises et
services. Réfléchissez, il suffit simplement de comparer le salaire
brut de n'importe quel smicard Français pour constater que le coût
de notre main d’œuvre est nettement plus élevé que dans la
plupart des pays Européens. Cela ne poserait aucun problème, si
nous disposions des outils nécessaires pour réguler les
importations, en privilégiant l'emploi en France, mais ça n'est
plus le cas.
Une
autre aberration du Traité de Lisbonne aggravant cette situation,
est l'article 63 du T.F.U.E qui interdit spécifiquement toutes
restrictions aux flux de capitaux, tant au sein de l'Union Européenne
qu'à l'extérieur de l'institution. Cela paraît très technique et
innocent, mais en vérité c'est diaboliquement simple et lourd de
conséquences.
Supposons
que vous soyez un richissime industriel désirant vous affranchir du
coût de la main d’œuvre de vos salariés Français, en
investissant dans une usine en Roumanie ou en Chine par exemple. Pour
cela, il faut pouvoir transformer vos euros en Leu Roumain ou en
Yuan. Et comme la construction d'une usine, cela coûte quelques
millions, vous aurez beaucoup d'euros à convertir et sortir du pays.
Eh bien rien ne vous empêche de le faire, puisqu'il est interdit de
contrôler les flux de capitaux entrants et surtout ceux qui sortent.
Cela signifie que rien ne vous empêche de délocaliser vos capitaux
afin de fermer une usine en France et en ouvrir une autre ailleurs.
Mais rien ne vous empêchera pour autant de continuer à vendre vos
produits en France.
Plus
subtil encore, mais tout aussi grave. Postulons que vous soyez un
très riche épargnant Grec, qui sent le vent tourner et fort d'un
bon suivi de l'actualité européenne et financière, savez
pertinemment que la Grèce non seulement sortira de l'Union
Européenne et de l'euro, mais fera en plus défaut sur sa dette à
terme.
Comme
l'euro est une monnaie commune (et non unique), votre euro Grec n'a
donc pas exactement la même valeur en Grèce qu'en Allemagne. Car si
en Grèce, votre euro est une Drachme déguisée qui risque fort de
finir sacrément dévaluée pour relancer l'économie Grecque après
des années de torture financière et géopolitique, placé en
Allemagne, votre euro Grec devient un euro Allemand, soit un Mark qui
lui risquera fort d'être apprécié si l'Allemagne finit par se
résoudre à cesser de payer la note de l'endettement des pays
périphériques en sortant à son tour de l'U.E (risque bien réel).
Comme
aucune restriction des capitaux n'est possible de part les traités
européens, vous pouvez sans problème ouvrir un compte en Allemagne
ou même dans n'importe quel paradis fiscal au Monde, pour évacuer
votre épargne de Grèce et faire fructifier votre argent par les
taux de change et les intérêts.
Ainsi,
la Grèce a vu des dizaines de milliards d'euros s'échapper du pays,
mais en Espagne, c'est carrément la moitié du P.I.B de la péninsule
qui s'est enfuit. Hors, il faut savoir que le système monétaire est
conçu de telle façon, à ce qu'une Banque n'ait pas l'obligation de
détenir la totalité de la monnaie sous forme fiduciaire (pièces et
billets) correspondant aux soldes des comptes. En clair, ce n'est pas
par ce que votre relevé de compte indique que vous disposez de la
coquette somme de 10.000.000 d'euros, que votre agence dispose de cet
argent en liquide. Tout établissement financier a en vérité un
bilan comptable très précis avec les actifs d'un côté (les
dettes) et son passif (les créances sur ses clients). Dans ce qui
fait le passif d'une banque, il y'a l'argent que nous y déposons,
même si en France, la législation fait que l'épargne est consignée
et garantie par la Caisse des dépôts. Mais simplifions, pour une
banque, l'argent que vous déposez sur votre compte courant ou votre
produit d'épargne est un passif. Tout comme l'argent que vous devez
lui rembourser si vous avez contracté un crédit. Si jamais vos plus
riches clients vident leurs comptes, et que vos clients les plus
pauvres, cessent d'honorer le remboursement de leur crédit, ne vous
restent que les dettes. Le bilan des banques Grecques, Espagnoles,
Irlandaises, Chypriotes, Maltaises, Portugaises, Italiennes, mais
aussi Belges et Françaises s'est ainsi très sérieusement dégradé,
tant du fait de la pauvreté croissante des clients ne pouvant plus
honorer le remboursement de leur crédit, que de la fuite des
capitaux permise par l'article 63 du Traité de Lisbonne.
Il
faut savoir qu'avant le Traité de Maastricht, il fallait demander
l'autorisation à Bercy pour sortir de grosses sommes d'argent de
France. C'était tant un moyen pour l’État de limiter les
délocalisations d'entreprises, que maintenir le contrôle sur la
balance courante des paiements entre les pays.
Mais
le rouleau compresseur de la dérégulation européenne est passé
par là. Les rentiers et les spéculateurs sont aux anges, mais les
peuples sont saignés.
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