mardi 2 avril 2013

La participation comme mode de gouvernance salariale

Cependant, il faut une autre « carotte » pour inciter les Français à maintenir une activité au service de tous. Cela peut passer pour commencer par un paiement des salaires toutes les deux semaines plutôt qu'une fois par mois, cela afin de garantir des comptes bancaires toujours provisionnés. Mais cela n'est pas suffisant pour motiver une population à travailler, si notamment pour certains métiers, des évolutions n'interviennent pas. Je pense notamment aux métiers d'éboueurs, d'ouvriers, d'agents d'entretien, de manutentionnaires, de chauffeurs routiers, etc. Des professions difficiles qui resteront attractives uniquement si les salaires progressent, que le temps de travail par individu se réduise, et que la participation aux bénéfices deviennent une norme garantie par la loi.

Cette dernière est le second volet de la réforme du travail. Sachant que tout le monde ne deviendrait pas entrepreneur, et qu'il y'aura donc toujours des salariés, il est nécessaire que ces derniers se sentent réellement investis et récompensés par leurs efforts pour une entreprise. A l'échelle d'une T.P.E ou une petite P.M.E, il n'est pas nécessaire d'imposer la participation. La relation entre le salarié et l'employeur se fait sans intermédiaire et la négociation est directe. Un employeur qui a besoin de main d’œuvre dans un pays disposant d'une allocation universelle, s'arrangera pour motiver un salarié sur le maximum de paramètres possibles.

En revanche, une P.M.E qui fait travailler plus de 20 personnes, doit par la loi avoir une obligation de se structurer en société coopérative. Le patron reste maître à bord et fixe sa propre rémunération, mais outre le salaire, il devra verser une participation aux bénéfices et permettre à ses salariés de pouvoir connaître et approuver la politique d'entreprise. Bref, que ces derniers puissent s'investir et avoir le sentiment que leur fonction est plus qu'un travail pour gagner de l'argent, mais bien une mission personnelle et collective motivante.

Le cas des très grandes entreprises où le gérant est actuellement nommé par un collège d'actionnaires sera encore plus encadré. Non seulement la forme coopérative de l'entreprise sera imposée, mais le pouvoir des salariés sur les orientations de l'entreprise sera plus grand, et son conseil d'administration et son président seront nommés directement par les salariés. Car les salariés devront par la loi devenir les actionnaires majoritaires de ces poids lourds économiques.

Tout salarié quittant une société coopérative pourrait obtenir une proposition du gérant de l'entreprise : soit le salarié garde ses parts dans l'entreprise en la quittant, car il souhaite la soutenir et disposer d'une rente supplémentaire. Soit, il la quitte en récupérant sa participation sous forme de monnaie en revendant ses parts. Quoi qu'il arrive, le gérant décide de cette politique quant aux actions détenues par des ex salariés. Il peut donc refuser que ces derniers quittent l'entreprise avec des actions pour que les dividendes ne soient versés qu'aux salariés en poste et aux éventuels investisseurs extérieurs.

Notons que la spéculation serait interdite en France. Une loi encadrerait le marché des actions en interdisant leur revente à court terme, en imposant une échéance d'au moins un an de détention du titre après une vente, même lorsqu'il s'agit d'une vente de gré à gré. Si par exemple, vous achetiez à un ami une action de l'entreprise Michelin où il travaillait jusque là, vous ne pourriez pas la revendre avant au moins un an sans payer une lourde taxe. Et celui qui vous l'achèterait devrait à son tour attendre une année pour avoir le droit de la revendre sans fiscalité contraignante. Cependant, le fait d'encadrer le marché des actions ne l'interdirait pas totalement. En vérité, il le dirigerait vers la population générale, plutôt que vers le monde de la finance. Cela afin de solidifier le financement de nos entreprises. Car si la Nation détient des parts de toutes ses entreprises, leur solidité, notamment vis à vis de nos partenaires internationaux sera propre à rassurer les investisseurs et les clients à l'exportation. Notons au passage que les investissements étrangers dans une entreprise Française seraient toujours minoritaires par rapport au poids des salariés actionnaires, cela par la loi. Nous devons garder la maîtrise de notre outil industriel, et non le brader à des requins de la finance internationale.

Reste le dernier volet de la réforme du travail :

Sa réduction progressive. Cette dernière réforme s'engagerait au bout de huit ou neuf ans après la reprise de contrôle du pays, dans le cadre de la politique proposée ici. Cela par ce que nous aurions besoin durant près de 10 ans, que l'essentiel de la population active travaille de nombreuses heures à générer le transfert technologique du pays visant à nous désintoxiquer du pétrole et plus globalement du gaspillage énergétique. Soyez certains que l'essai rédigé ici, propose une politique assurant du plein emploi en France. Et nous connaîtrons très certainement des problèmes de main-d’œuvre à gérer pour assurer la transition technologique et industrielle souhaitée dans notre pays dans les temps impartis.

C'est donc au bout de huit à dix ans que nous commencerions à sentir réellement les premiers effets sur nos importations de pétrole et que nous pourrions envisager de réduire enfin la cadence. C'est non seulement une nécessité dans le cadre d'un moindre gaspillage énergétique (moins nous travaillons, moins nous gagnons d'argent et moins nous consommons), mais aussi et avant tout du point de vue sociétal, puisqu'il s'agit de redonner du temps à chacun d'entre nous pour vivre.

En toute logique, les réformes plus haut auront incité les salariés et les employeurs à diminuer spontanément le temps de travail. Les employeurs pour supporter le coût de la main-d’œuvre devenu plus élevé avec le Salaire de vie, les travailleurs plus enclins à mieux partager leur temps entre le travail rémunéré et leurs activités non rémunérées par un employeur.

Le salaire de vie devra donc être recalculé à la hausse ou à la baisse en fonction des résultats attendus sur le temps de travail des salariés. La politique visant à créer le maximum d'entrepreneurs en France devra avoir porté ses fruits, car ses derniers décident eux même de leur temps de travail. Ces facteurs devront être associés à de nombreux autres paramètres pour évaluer la déflation du temps de travail par la loi, c'est à dire passer des 35 heures aux 30 heures dans un premier temps, et viser l'objectif des 20 heures hebdomadaires à terme.

En déflatant le temps de travail global de la population, les recettes de l’État baissent inévitablement. Les dépenses devront donc se réduire d'autant. Les leviers seront limités puisqu'il y'aura le salaire de vie d'un côté que l'on pourra baisser, et le poids de la fonction publique. Une bonne façon d'y arriver est d'inciter la population à décroître, nous verrons comment faire tout à l'heure. Moins il y'a de citoyens à administrer, moins il y'a de dépenses. De la même façon, une population qui décroit doucement en maintenant un âge médian à peu près stable (c'est possible d'y arriver), consomme moins de ressources.

L'objectif étant qu'au bout d'une dizaine d'années, la population Française ait atteint un niveau de bien être social suffisant pour qu'il se pérennise de lui-même. Cela n'est possible qu'en réduisant drastiquement la part du travail salarié au profit des activités libérales et artisanales. Nous verrons que l'agriculture aura sa carte à jouer dans l'affaire, mais aussi le commerce de détail, et les services. Plus les citoyens sont indépendants dans leur activité, plus ils peuvent juguler le temps de travail et se détacher peu à peu d'une administration autre que réellement régalienne. Cependant, en atteignant progressivement un plafond de revenus de plus en plus restreints, la question de l'indépendance alimentaire de chacun commence à prendre de plus en plus d'importance. Il en va de même pour le logement. L'idée générale étant que l'on doit pouvoir vivre avec peu de monnaie disponible, de façon agréable. La réduction du temps de travail du point de vue légal sera donc l'objet de calculs complexes qui ne pourront être médités qu'à l'instant T d'une telle réforme. Cela devra être progressif et cohérent avec une économie jusque là en plein boom. Sachant que certains secteurs d'activité seront amenés à disparaître ou se transformer, que l'obsolescence programmée sera interdite par la loi, que l'on préférera réparer un appareil électroménager plutôt que le remplacer, que la consommation de babioles inutiles sera réduite par la T.V.A, nous passerons en vérité à une économie se basant sur l'essentiel et rendant le superflu extrêmement onéreux. Mais encore une fois, pour rendre cela possible tout en maintenant un haut niveau de bien être social, il est nécessaire de s'attaquer sans tabou à la démographie.

1 commentaire:

  1. Là aussi un bémol : le salaire à vie qui ne serait pas attribué au travail est malsain. Toue peine mérite salaire, c'est dans ce sens qu'il faut prendre l'idée. Donc le plein emploi, bien payé me parait être plus conforme à une économie humaine. Pas facile, mais possible, puisque ça a existé. (trente glorieuses). Le principe du CNR qui répartit les richesses à partir d'une valeur, me semble plus valable qu'une allocation de base que j'assimile à une mendicité due simplement à l'existence. Il faut montrer sa solidarité, par un minimum d'occupation comme tu le dis, pour qui s'occupe d'un foyer ou qui s'active dans un but social donc solidaire, mais par pour un adulte qui glanderait.

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