Tout d'abord, il y'a évidemment
les fondamentaux où nous devons absolument nous concentrer. A savoir
la maîtrise de la langue Française et des mathématiques. Je n'ai
pas de solutions toute faites à sortir d'une pochette surprise, mais
il me semble qu'il suffit d'écouter les enseignants pour savoir ce
qui pourrait être amélioré. S'il faut plus de dictées, alors il
y'en aura plus. S'il faut plus de grammaire, alors les programmes
devront insister là dessus. Concernant les mathématiques, ayant
moi-même été un cancre sur la question, il me semble que la
meilleure approche pédagogique ne peut être qu'à travers la
géométrie, les jeux et les problèmes. Les mathématiques demandent
une représentation spatiale très poussée, et c'est un exercice qui
n'est pas à la portée de tous les enfants. Il faut donc tricher un
peu avec nos cerveaux pour amener une connaissance plus difficile à
appréhender par certains. Le soutien pédagogique aura là encore
toute sa pertinence.
Un autre point de programme sur
lequel je considère que nous devons insister très fortement, c'est
l'Histoire. A ces fins, la première initiative que je considérerais
comme saine, est l'abrogation de la loi Gayssot qui dans son article
9 stipule :
« Seront punis des peines prévues par le sixième alinéa de l’article 24 ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l’article 23, l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité tels qu’ils sont définis par l’article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l’accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d’une organisation déclarée criminelle en application de l’article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale. »
A priori une telle loi semble
saine, mais à bien y regarder, elle a posé de nombreux problèmes,
puisqu'elle interdit spécifiquement aux chercheurs de remettre en
cause l'Histoire du XX ème siècle (et spécialement liée aux
atrocités de la seconde guerre mondiale) sans que ces derniers
soient attaqués non sur la valeur de leurs travaux, mais sur leur
antisémitisme ou négationnisme supposé.
Tout d'abord, dans son essence
cette loi ne règle rien au problème de l'antisémitisme ou du
négationnisme, puisqu'on ne peut interdire personne de penser, y
compris des points de vue extrêmement malsains. On ne peut que
tenter d'éduquer une population au mieux, et éviter que des lobbies
puissent jeter le discrédit sur toute une communauté (dans le cas
de l'antisémitisme, les sionistes font beaucoup de tort à la
communauté juive dans son ensemble, tout comme les islamistes font
beaucoup de tort au musulmans).
Plus fondamentalement, l'Histoire
s'écrit et se révise constamment. Et celle du Xxème siècle n'a
pas fini de livrer ses secrets, tout comme la Révolution Française
et les Lumières mériteraient d'être un peu plus détaillés sur
leurs paradoxes. Raison pour laquelle, il convient de laisser toute
liberté aux chercheurs d'exposer leurs thèses, sous conditions que
leurs travaux soient soumis à la critique objective et argumentée
de leurs pairs. Cela signifie que si nos livres d'histoire devaient
évoluer du fait que cette recherche serait enfin libérée de ses
entraves juridiques, nous pourrions faire évoluer (ou non) nos
livres d'histoire de façon apaisée.
En outre, il y'a deux façons de
raconter l'Histoire. Il y'a celle du reste du Monde qui permet de
comprendre les civilisations, les peuples, la complexité des
cultures, et il y'a celle de France qui doit donner à chaque
citoyen, un sentiment de fierté d'habiter un si vieux pays. Il ne
s'agit pas de politiser l'histoire en l'enjolivant, bien au
contraire. Aucune Nation ne peut prétendre avoir eu ses moments de
barbarie et de cruauté, mais nous ne sommes pas que l'héritage de
ces tristes périodes historiques. Aussi, si j'attache peu
d'importance à ce que nos gamins puissent s'imposer la mémorisation
de dates et de lieux, je souhaite qu'ils écoutent avec plaisir et
intérêt un professeur leur raconter l'Histoire de France. Le
chauvinisme est stupide, mais une infime dose de patriotisme est
salvatrice pour que perdure la cohésion nationale.
Enfin bien sûr les sciences
comptent énormément. Nous devons émerveiller nos enfants en
reprenant la chronologie de la matière physique et vivante. C'est
donc en commençant par expliquer les étoiles et l'univers, que l'on
peut expliquer le caillou, l'eau et finalement la vie. Les travaux
pratiques et sorties pédagogiques seront à ce titre facilitées, en
fonction des doléances des enseignants. Le principe de précaution
ayant quelque peu pourri l'esprit d'initiative, il est temps que
l’État couvre juridiquement les enseignants pour ce genre de
sorties, facilite les démarches administratives nécessaires et
abondent en fonds publics pour ne pas sanctionner les familles les
plus pauvres. Chaque enfant doit pouvoir bénéficier des mêmes
chances et mêmes savoirs.
Le dernier point étant l'étude
des langues, sachant qu'il est acté que plus on les apprend à un
jeune âge, plus les savoirs seront acquis au mieux. Si l'anglais et
l'espagnol continueront très certainement d'avoir toute leur
importance dans l'enseignement public, la France doit pouvoir former
de nombreux citoyens à la maîtrise d'autres langues, notamment
l'Allemand, l'Italien, le Mandarin, l'Arabe ou le Portugais. Car la
maîtrise de ces langues permettra de créer des emplois sur tous les
domaines où elles sont utiles dans nos relations internationales et
notamment commerciales.
Si le B.E.P.C et le bac à
lauréat ne seront pas supprimés, cette politique éducative visera
à réduire drastiquement l'échec scolaire et le redoublement. En
outre, l'accès à l'université sera libre de diplôme et gratuit
pour tous. Le système des bourses n'existera plus du fait que le
Salaire de Vie sera là pour assurer un revenu digne à tout le
monde. Les diplômes universitaires seront accordés uniquement sur
la base du savoir accumulé, et non sur des diplômes précédents
pouvant valider des acquis. Ce qui signifie qu'un ouvrier n'ayant pas
le bac pourra reprendre ses études librement et obtenir un diplôme
de physique si c'est le sujet qui le passionne.
Un dernier point que je soumets
plus à la question qu'à la proposition, étant l'uniforme scolaire.
Les petits anglais apprennent à se différencier autrement plus dans
leur personnalité que dans leurs codes vestimentaires, même s'il
est de notoriété publique que nos voisins d'outre manche sont
capables de nous surprendre à ce sujet. Toujours est il que
l'uniforme ne contraint pas un élève quant à changer de vêtements
après l'école, mais place au même rang un gamin du XVI ème
arrondissement de Paris et un gamin de la Courneuve dans la salle de
classe. Ils ne pourront apprendre à cultiver leurs différences,
qu'à partir de leur esprit, bien plus qu'à travers les artifices de
la mode. C'est en tout cas la réflexion que j'ai à ce sujet mais la
question reste posée et soumise à votre jugement...
De façon globale, une réforme
du « Mammouth » se ferait directement avec les
professionnels. Le ministre de l'éducation nationale ferait ainsi le
tour des pays les mieux classés sur leurs politiques éducatives,
avec des représentants syndicaux, des parents d'élèves et quelques
enseignants tirés au sort pour être totalement certain de
l'objectivité de l'étude qui en découlerait. Ces derniers devront
par la suite établir un rapport qui sera d'abord soumis aux
enseignants pour qu'ils en discutent et votent les propositions et
ajoutent les leurs. Deux ans après cet immense travail de réflexion,
la réforme de l'enseignement public sera alors soumise au parlement
pour être votée. On dit que l'éducation nationale est impossible à
réformer. Je pense que c'est le contraire, mais qu'il est nécessaire
pour cela d'écouter les enseignants et les laisser travailler à un
projet de loi. On peut poser quelques jalons à partir
d'expérimentations à l'international réussies, mais l'adaptation à
la Française ne peut être formulée que par les professionnels du
secteur. La tâche du gouvernement consistera donc à poser les
grandes idées à étudier, organiser le travail de réflexion, et
surtout trouver le moyen de financer correctement une réforme
imaginée par les professionnels. Et pour l'ensemble des propositions
formulées dans cet essai, c'est dans cet esprit qu'il me semble
qu'un gouvernement devrait travailler. Définir les grands objectifs,
laisser les professionnels en définir les modalités.
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