La justice est un sujet complexe
qu'il ne m'appartient de traiter qu'avec ma vision d'usager, comme je
le fais d'une certaine façon avec les autres thèmes de ce livre. Je
me positionne donc en tant que citoyen ayant des attentes
particulières dans son usage « quotidien » de
l'administration judiciaire et non comme un magistrat réfléchissant
aux intérêts de sa corporation.
Hors en précisant que plus de
150.000 interpellations (et donc de procédures judiciaires) ont été
effectuées en France en 2008 sur le seul sujet du cannabis, m'est
avis que l'on pourrait désengorger un peu les tribunaux avec cette
question. Voila pourquoi chaque thème du programme s'articule de
façon directe ou indirecte. Mais au-delà de ce vaste sujet, il y'a
d'abord la nécessité d'aller totalement à l'inverse de la doctrine
en cours :
Si les grandes affaires pénales
et financières peuvent être traitées par un tribunal dans chaque
préfecture et sous préfecture, les affaires civiles ou les petits
délits doivent être traitées au plus près du citoyen. Donc nous
ouvrirons bien des tribunaux de proximité de telle façon à ce que
la justice soit rendue pour tous au plus près de nos vies.
Une autre réforme sera étudiée
pour faciliter le droit d'être assisté par un avocat plus aisément.
Il s'agira de créer une automaticité d'indemnisation des frais
d'avocat pour les ménages ayant de faibles revenus, à partir des
décisions de justice liées aux dommages et intérêts et d'aide
juridictionnelle. Les avocats devront juger de la possibilité de
remporter une affaire à partir des dossiers dont ils prendraient
connaissance, pour faire appel à l'aide juridictionnelle pour leur
client et réclamer des indemnités qui leurs seront avancées. S'ils
jugent l'affaire complexe ou trop hasardeuse pour que les chances
soient optimales au profit de leur client, celui-ci jouira alors
(toujours jusqu'à un certain plafond de revenu), du droit d'être
assisté par un avocat directement employé en tant que fonctionnaire
par l’État. Comme pour les médecins, une convention sera négociée
avec l'ordre des avocats sur des honoraires à ne pas dépasser qui
satisfassent toutes les parties.
Cela signifie que le budget du
ministère de la justice sera considérablement augmenté pour
satisfaire aux besoins humains. Par contre, il faudra tabler sur des
économies de procédures et favoriser les arrangements à l'amiable
par les juges de proximité. Ces derniers en examinant les litiges
des différentes parties devront se contenter de signifier aux
justiciables qui a le plus à perdre ou à gagner, et comment
concilier les points de vue par une décision judiciaire. Autant que
possible, il est nécessaire de responsabiliser les citoyens pour
éviter l'abus d'utilisation de procédures judiciaires quand cela
peut être évité. Une consultation de tous les acteurs de la
justice sera établie pour déterminer tant les besoins que les
économies de procédures possibles à amorcer.
Une autre façon d'économiser
des procédures est de pouvoir fournir par internet, mais aussi dans
les mairies, un ensemble de thèmes récurrents dans les affaires de
justice, qui se résolvent toujours avec les mêmes textes de loi.
Des juristes travailleront à présenter quelques cas concrets, à
expliquer les textes utilisés par chacune des parties et pourquoi le
juge a tranché en faveur d'une partie plutôt que d'une autre. En
donnant les clés d'une « auto-défense » judiciaire au
citoyen et en veillant en parallèle à la bienveillance des juges
sur l'amateurisme du justiciable pour se défendre, on peut ramener
une décision de justice autant fondée sur le droit qu'une certaine
logique humaine. Ainsi, les citoyens pourront régler leurs conflits
d'abord par courrier où ils présenteront leurs arguments
juridiques, les pièces du dossier et leur point de vue. Le juge
examinera ces dossiers et soit conseillera chacune des parties
d'argumenter avec quelques textes de loi supplémentaires de sa
connaissance pour compléter au mieux leurs dossiers, soit renverra
l'une ou l'autre des parties à la nécessité d'engager un avocat,
ou encore se contentera des arguments et textes présentés pour
rendre une décision. Autant que possible, une affaire de contentieux
correspondant à des litiges récurrents entre personnes, devra être
traitée en moins d'un mois, et avec moins de deux entretiens
physiques avec le juge.
Nul n'est censé ignorer la loi
disait Aristote. Sauf que désormais la loi est devenu très
technique et représente des dizaines de milliers de pages où se
superposent des textes qui s'annulent ou sont redondants. C'est
particulièrement vrai pour le code des impôts du fait que la
fiscalité est très changeante dans le vain espoir de dégager les
marges budgétaires nécessaires au fonctionnement de l’État à
partir d'un modèle économique qui détruit toutes perspectives à
ce sujet.
Aussi, est-il temps de nettoyer
notre arsenal judiciaire des redondances ou mesures techniques trop
complexes pour que la lecture en soit facilitée tant pour le
justiciable que pour le professionnel. Un collège d'expert pour
chaque code sera donc nommé, et devra travailler à trouver des
simplifications des textes. Leur travail sera jugé par leurs pairs,
car il me paraît raisonnable qu'une telle réforme législative soit
approuvée par tous les membres du barreau et des magistrats. Si cela
doit prendre du temps, nous prendrons le temps nécessaire. Mais nous
devons réduire le nombre de textes, et autant que possible en
faciliter leur compréhension. Cependant, les textes de loi utilisent
un vocabulaire qui est aussi technique que précis. D'une certaine
façon, ce vocabulaire défend toute la subtilité de la langue
Française, et il serait malvenu, autant par nécessité technique
que pour la défense de notre langue de trop y toucher. La
formulation peut être rendue plus compréhensive, mais le
vocabulaire doit rester. En revanche, à l'image de ce qui existe
avec certains ouvrages de vulgarisation scientifique, il me
paraîtrait intéressant que des juristes fassent un travail de
« traduction » du jargon légal pour rédiger par exemple
un code civil reprenant toutes les lois et leurs architecture, mais
avec un vocabulaire faisant parti du registre courant. Cela ne
dispenserait pas les citoyens de chercher les textes originaux, mais
puisque nul n'est censé ignorer la loi, alors rendons la plus
accessible.
Enfin, dans une réforme de la
justice, on ne peut éluder la question des prisons qui dépendent de
cette administration. Vous l'avez constatez plus haut, je suis
favorable à l'idée que certaines peines soient commuées en stage
de réinsertion dans des camps de discipline militaire. Cela
désengorgera donc un peu les prisons. De la même façon que je
trouve l'idée du bracelet électronique réellement utile par
rapport à certains délits. Mais pour ceux qui n'auront pas d'autres
choix que d'être incarcérés, il y'a une nécessité de réinsérer
non par la dépersonnalisation du détenu dans d'immenses structures
froides et éloignées du traitement individuel de chacun, mais au
contraire par des petites structures locales pouvant accueillir entre
100 et 500 personnes par établissement.
Une usine à détention comme la
Maison d’Arrêt de Fleury Merogis est une aberration avec ses 2855
places. Les nombreux cas d'insurrections et de violences sont
compréhensibles dans de tels milieux carcérals. Et ça n'est ni
sain pour le personnel de surveillance qui ne peut faire son travail
d'accompagnement social (car cela me paraît induit dans la
fonction), ni sain pour les détenus qui n'ont vocation qu'à se
sentir oppressés par un tel milieu carcéral.
Il y'a en France près de 68.000
détenus. Supposons des centres de détention dont la capacité
d'accueil serait en moyenne de 300 places. Cela correspondrait à 227
maisons d'arrêt à ouvrir en conséquence. Il y'a déjà 191 unités
existantes en France, donc le travail ne serait pas si long que de
construire ce qui est manquant. D'autant qu'il y'aurait une exigence
à faire en sorte qu'un programme économique et social tel que
celui-ci, réduise le taux de criminalité drastiquement, et rende
obsolète la nécessité de construire toujours plus de prisons.
Donc nous ferons construire des
centres de détention parfaitement sécurisés et dont la capacité
d'accueil sera chaque fois que possible, inférieure à 300 places,
voir une centaine de places seulement. Nous embaucherons le personnel
nécessaire et veillerons à octroyer aux détenus autant d'activités
que possibles pour palier à l'immobilisme de la rétention. Des
plans de formations professionnelles, un accès aux études, à des
activités artistiques, culturelles ou sportives seront clairement
mises en œuvre. Le salaire de vie des détenus bien que réduit sera
néamoins maintenu.
Il ne s'agit pas d'être
angélique avec des criminels, mais de comprendre qu'exceptés ceux
qui seront condamnés à une peine de perpétuité (non réductible
pour certains crimes), tous les détenus ont vocation à sortir un
jour de prison. Aussi, faut-il faciliter le rapprochement familial,
la possibilité de disposer d'un lieu ou les détenus pourront
dépenser le trop plein de testostérone et de mal être personnel
avec leur compagne. La misère sexuelle des détenus est un tabou au
sujet des détenus, et pourtant, au vu de son intrication dans les
comportements agressifs de chacun, il est nécessaire de le briser.
Tout détenu ayant vocation à se
réinsérer dans la vie, doit durant son temps de réclusion, avoir
la possibilité d'imaginer un avenir plus serein que retomber dans la
criminalité. C'est non seulement un soucis de paix sociale pour
l'ensemble de nos concitoyens, mais aussi d'économies sur le
traitement de la criminalité en France.
En conclusion, les syndicats de
personnels de surveillance seront appelés à déposer un rapport au
gouvernement avec leurs préconisations, afin que l'on puisse
améliorer drastiquement les conditions d'incarcération et de
surveillance des détenus. Les détenus eux-mêmes seront consultés.
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