jeudi 9 mai 2013

Une politique sociale plus réactive

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A l'âge de 19 ans, de part un climat familial excessivement délétère, j'ai quitté le domicile de mes parents sans un diplôme, ni même un peu d'argent en poche, pour échouer dans la ville de Nantes. Je ne reviendrais pas sur les motivations qui étaient les miennes à l'époque, elles sont de l'ordre de l'intime. En revanche, je peux vous expliquer dans quelle trajectoire je me suis retrouvé, et mieux faire appréhender à tout un chacun comment l'on passe du statut de citoyen «intégré socialement » à celui de S.D.F ou presque.

Pour diverses raisons, des gens peuvent perdre la première liberté qui doit être garantie par la loi : le droit au logement. Soit ce sont des jeunes qui comme moi fuient le domicile familial, soit ce sont des affaires de divorce ou encore de dettes. La première chose que l'on tente de faire lorsqu'on se retrouve dans cette situation, c'est faire face à l'urgence. Et le seul véritable système d'urgence existant est le 115, qui est une plate-forme téléphonique ayant pour mission de trouver une solution d'hébergement temporaire à un sans abris.

Selon le quatrième « baromètre 115 hivernal » pour la période 2012 à 2013 de la Fédération Nationale des Associations de Réinsertion Sociale (FNARS), plus de la moitié des demandes d'hébergement d'urgence par des citoyens en détresse ne sont pas pourvue. Autrement dit, sur les 37 départements ayant servi d'échantillon pour cette étude, près de 34.000 personnes n'ont pas trouvé de solutions et ont dormi à la rue. 40 % des demandes d'urgence sont le fait d'hommes seuls (et nous verrons pourquoi) et plus grave encore, car en constante augmentation, 42 % des demandes le sont de la part de familles entières. Et pour rebondir au chapitre précédent sur l'immigration, 70 % des familles contactant les services sociaux pour tenter de trouver une solution d'hébergement sont des migrants hors U.E. Ce qui permet donc bien de légitimer qu'en créant un appel d'air à l'immigration, on ne fait qu'entretenir la fabrique de la misère pour des gens qui ont tout quitté pour finir à la rue.

Comme vous le constatez on peut chiffrer les besoins, il y'a suffisamment d'administrations et d'associations qui travaillent sur ces sujets et tiennent à jour la comptabilité de la misère sociale. Et pourtant, de solutions d'hébergement, nous n'en manquons pas.

Alors nous répondrons immédiatement à ce problème en récupérant les clés du pays. Tous les châteaux appartenant à l'Etat où une institution dépendante de l'Etat et les immeubles vides, quand bien même fussent ils privés, seront réquisitionnés. Des grandes tentes seront montées par l'armée avec des lits de camps, des couvertures et du matériel de soin et d'hygiène seront mis à disposition des citoyens en grande détresse, quelques soient leur statut.

Les étudiants se consacrant à un cursus social ou sanitaire et social seront sollicités pour répondre à l'urgence en montant les dossiers pouvant créer le suivi social nécessaire, et faire le tri exact de chaque demandeur d'aide en fonction de sa situation. Les étrangers qui correspondent donc à 70 % des demandeurs d'aide sociale disposeront d'abord de l'aide d'urgence nécessaire pour assurer leur dignité. Mais nous leur proposerons immédiatement la possibilité de repartir dans leur pays d'origine avec un pécule et autant que possible un projet, cela afin désengorger les services sociaux qui peuvent refuser de l'aide à un citoyen Français du fait de la saturation des demandes des étrangers. Il ne s'agit pas d'opposer la misère des uns et des autres, mais de constater qu'il est un comble que la France ne puisse pas aider correctement ses propres concitoyens du fait de la dérégulation de l'immigration imposée par un parti soit disant « socialiste » ainsi que l'extrême droite libérale, bien évidemment.

La notion de projet est importante une fois la question de l'urgence traitée. Si beaucoup d'hommes seuls en viennent à réclamer l'assistance des services sociaux, cela tient du fait que ces derniers assument d'une certaine façon leur responsabilité naturelle par rapport à une situation de crise familiale ou conjugale. Ces derniers laissent la jouissance du domicile à leur ex compagne, plutôt que de l'expulser (et heureusement), mais de fait se retrouvent à la rue très aisément. Beaucoup sont aussi des jeunes ayant des soucis familiaux, des anciens détenus, des toxicomanes ou des personnes surendettées. Hors, s'il y'a une chose à bien comprendre lorsque l'on se retrouve dans une telle situation, c'est que plus la prise en charge est tardive et poussive, plus la volonté de reprendre sa vie en main décline. Hors, le second problème que j'ai rencontré à l'époque, était le fait que les administrations sociales vous proposent un rendez vous avec un travailleur social parfois plusieurs semaines après votre date d'appel au secours. Hors, qui comprend ce qu'est l'urgence sociale doit savoir qu'il faut des permanences ou la prise en charge d'un individu est immédiate et vise à lui trouver les solutions d'hébergement, d'accès à la nourriture et à l'hygiène qui soient instantanées et qui prépare déjà le rendez vous suivant sous cinq jours, pour commencer à travailler sur les solutions plus pérennes et un projet de réinsertion.

J'insiste beaucoup là dessus, car à l'époque où j'ai connu ces déboires, j'avais la motivation de mes presque 20 ans, le désir de construire mon indépendance, quand bien même le point de départ serait assez bas. Et c'est bien l'inertie du système social qui a finit par détruire ma motivation progressivement, comme ce fut le cas pour les nombreuses personnes que j'ai rencontré. A savoir que le fléau de l'alcoolisme est bien souvent une conséquence de cette misère plutôt qu'une cause. Chaque fois qu'une personne s'adonne à la mendicité sous nos yeux, c'est une preuve d'échec de l'Etat à protéger sa population de la misère. 
 
Et la misère n'est pas que liée à l'argent. Car les revenus peuvent être stables (et le Salaire de Vie à ce titre réglera beaucoup de choses), mais si les dépenses ou les dettes écrasent une personne déjà épuisée mentalement, cela ne règle rien. Une autre urgence est donc de transformer l'accès à la commission de surendettement avec dossier pré-rempli par un travailleur social, gelant pour 6 mois toutes les dettes d'une personne ayant des difficultés. La documentation à remettre par l'ayant droit devra être minimaliste, c'est à dire les noms des créanciers, un numéro de compte bancaire et un papier d'identité. Quand une personne est en détresse sociale, inutile de lui demander de remplir de lourds dossiers administratifs, elle n'en a ni l'esprit, ni le cœur et nous ne devons pas juger cela. Il faut avoir connu cette détresse pour le comprendre.

Je ne crois pas tout à fait au soutien psychologique, sauf pour les cas les plus extrêmes, en revanche, il est nécessaire de repositionner un être humain dans un corps social et des projets. Seules des associations s'occupent d'ouvrir leurs murs durant quelques heures aux miséreux, pour prendre un café, discuter, faire quelques démarches, une partie de cartes, etc. Tout simplement par ce que les foyers et notamment les CHRS ont la fâcheuse tendance à expulser leurs pensionnaires dès huit heures du matin et ne ré-ouvrir que le soir. 
 
C'est pourtant ce qu'il ne faut pas faire. Il faut certes des lieux d'accueil de jour ouverts le plus d'heures que possibles, mais toute structure d'hébergement temporaire ou un peu plus durable doit permettre d'accéder à des outils comme un téléphone, une photocopieuse, un service de messagerie internet, à tous les documents administratifs possibles pour réclamer de l'aide sociale, à un espace détente, et à des offres d'emploi. Et bien évidemment, il est nécessaire que des travailleurs sociaux puissent suivre à plein temps les populations concernées.
Donc de façon plus durable, cette pénurie de place et de soutien administratif impose qu'un puissant budget soit consacré à l'embauche de travailleurs sociaux d'une part, à la simplification administrative d'une autre part, et la construction ou l'acquisition de biens immobiliers pour répondre aux nécessités d'hébergement, et cela de façon digne et en préservant l'intimité.

Car de nombreux S.D.F refusent les solutions d'hébergement temporaire du seul fait que leur intimité et leur sécurité ne sera pas assurée. Il faut savoir que pour les personnes les plus détruites par la vie, on ne peut espérer une récupération de leur volonté à se reconstruire qui soit aisée. Beaucoup sont même des cas malheureusement insolubles. Pour ces personnes, la dernière tentative peut être une forme de retraite à la campagne qui leur soit proposée. Des petits lotissements comprenant des studios et des jardins potagers leurs seront proposés. Ils appartiendront à l'Etat qui prélèvera un loyer directement sur leur salaire de vie. Ces logements seront bien évidemment équipés de tout le nécessaire quant à l'hygiène et l'alimentaire. Un foyer social proche permettra à ces populations de se rencontrer dans un lieu de convivialité et jouir d'un travailleur social qui tentera peu à peu de dénouer leurs difficultés et les faire participer à des activités les réadaptant progressivement à une certaine autonomie.

En clair, le maître mot d'une politique sociale puissante, est la garantie pour tous de pouvoir disposer d'un toit sur la tête en toute circonstance, disposer d'une administration sociale plus puissante et réactive, et concéder que certaines causes sont désespérées et qu'il faut donc créer des lieux de retraite digne pour ces gens.

Il est cependant évident que la lutte contre l'immigration, le Salaire de Vie et globalement toute la politique économique de départ, contribuent aussi très largement à réduire significativement l'urgence sociale.

1 commentaire:

  1. Là aussi les inégalités peuvent disparaître avec le plein emploi. Je maintiens que c'est possible (c'est dans mon bouquin). Bien entendu pas avec un pouvoir politique aussi minable. Avec également une Constitution obsolète qui ne donne le pouvoir qu'à des partis politiques non représentatifs. Je vais lire plus loin ce que tu dis sur ce sujet...

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