A
l'âge de 19 ans, de part un climat familial excessivement délétère,
j'ai quitté le domicile de mes parents sans un diplôme, ni
même un peu d'argent en poche, pour échouer dans la ville de Nantes. Je ne reviendrais pas
sur les motivations qui étaient les miennes à l'époque, elles sont
de l'ordre de l'intime. En revanche, je peux vous expliquer dans quelle
trajectoire je me suis retrouvé, et mieux faire appréhender à tout
un chacun comment l'on passe du statut de citoyen «intégré
socialement » à celui de S.D.F ou presque.
Pour
diverses raisons, des gens peuvent perdre la première liberté qui
doit être garantie par la loi : le droit au logement. Soit ce
sont des jeunes qui comme moi fuient le domicile familial, soit ce
sont des affaires de divorce ou encore de dettes. La première chose
que l'on tente de faire lorsqu'on se retrouve dans cette situation,
c'est faire face à l'urgence. Et le seul véritable système
d'urgence existant est le 115, qui est une plate-forme téléphonique
ayant pour mission de trouver une solution d'hébergement temporaire
à un sans abris.
Selon
le quatrième « baromètre 115 hivernal » pour la période
2012 à 2013 de la Fédération Nationale des Associations de
Réinsertion Sociale (FNARS), plus de la moitié des demandes
d'hébergement d'urgence par des citoyens en détresse ne sont pas
pourvue. Autrement dit, sur les 37 départements ayant servi
d'échantillon pour cette étude, près de 34.000 personnes n'ont pas
trouvé de solutions et ont dormi à la rue. 40 % des demandes
d'urgence sont le fait d'hommes seuls (et nous verrons pourquoi) et
plus grave encore, car en constante augmentation, 42 % des demandes
le sont de la part de familles entières. Et pour rebondir au
chapitre précédent sur l'immigration, 70 % des familles contactant
les services sociaux pour tenter de trouver une solution
d'hébergement sont des migrants hors U.E. Ce qui permet donc bien de
légitimer qu'en créant un appel d'air à l'immigration, on ne fait
qu'entretenir la fabrique de la misère pour des gens qui ont tout
quitté pour finir à la rue.
Comme
vous le constatez on peut chiffrer les besoins, il y'a suffisamment
d'administrations et d'associations qui travaillent sur ces sujets et
tiennent à jour la comptabilité de la misère sociale. Et pourtant,
de solutions d'hébergement, nous n'en manquons pas.
Alors
nous répondrons immédiatement à ce problème en récupérant les
clés du pays. Tous les châteaux appartenant à l'Etat où une
institution dépendante de l'Etat et les immeubles vides, quand bien
même fussent ils privés, seront réquisitionnés. Des grandes
tentes seront montées par l'armée avec des lits de camps, des
couvertures et du matériel de soin et d'hygiène seront mis à
disposition des citoyens en grande détresse, quelques soient leur
statut.
Les
étudiants se consacrant à un cursus social ou sanitaire et social
seront sollicités pour répondre à l'urgence en montant les
dossiers pouvant créer le suivi social nécessaire, et faire le tri
exact de chaque demandeur d'aide en fonction de sa situation. Les
étrangers qui correspondent donc à 70 % des demandeurs d'aide
sociale disposeront d'abord de l'aide d'urgence nécessaire pour
assurer leur dignité. Mais nous leur proposerons immédiatement la
possibilité de repartir dans leur pays d'origine avec un pécule et
autant que possible un projet, cela afin désengorger les services
sociaux qui peuvent refuser de l'aide à un citoyen Français du fait
de la saturation des demandes des étrangers. Il ne s'agit pas
d'opposer la misère des uns et des autres, mais de constater qu'il
est un comble que la France ne puisse pas aider correctement ses
propres concitoyens du fait de la dérégulation de l'immigration
imposée par un parti soit disant « socialiste » ainsi
que l'extrême droite libérale, bien évidemment.
La
notion de projet est importante une fois la question de l'urgence
traitée. Si beaucoup d'hommes seuls en viennent à réclamer
l'assistance des services sociaux, cela tient du fait que ces
derniers assument d'une certaine façon leur responsabilité
naturelle par rapport à une situation de crise familiale ou
conjugale. Ces derniers laissent la jouissance du domicile à leur ex
compagne, plutôt que de l'expulser (et heureusement), mais de fait
se retrouvent à la rue très aisément. Beaucoup sont aussi des
jeunes ayant des soucis familiaux, des anciens détenus, des
toxicomanes ou des personnes surendettées. Hors, s'il y'a une chose
à bien comprendre lorsque l'on se retrouve dans une telle situation,
c'est que plus la prise en charge est tardive et poussive, plus la
volonté de reprendre sa vie en main décline. Hors, le second
problème que j'ai rencontré à l'époque, était le fait que les
administrations sociales vous proposent un rendez vous avec un
travailleur social parfois plusieurs semaines après votre date
d'appel au secours. Hors, qui comprend ce qu'est l'urgence sociale
doit savoir qu'il faut des permanences ou la prise en charge d'un
individu est immédiate et vise à lui trouver les solutions
d'hébergement, d'accès à la nourriture et à l'hygiène qui soient
instantanées et qui prépare déjà le rendez vous suivant sous cinq
jours, pour commencer à travailler sur les solutions plus pérennes
et un projet de réinsertion.
J'insiste
beaucoup là dessus, car à l'époque où j'ai connu ces déboires,
j'avais la motivation de mes presque 20 ans, le désir de construire
mon indépendance, quand bien même le point de départ serait assez
bas. Et c'est bien l'inertie du système social qui a finit par
détruire ma motivation progressivement, comme ce fut le cas pour les
nombreuses personnes que j'ai rencontré. A savoir que le fléau de
l'alcoolisme est bien souvent une conséquence de cette misère
plutôt qu'une cause. Chaque fois qu'une personne s'adonne à la
mendicité sous nos yeux, c'est une preuve d'échec de l'Etat à
protéger sa population de la misère.
Et
la misère n'est pas que liée à l'argent. Car les revenus peuvent
être stables (et le Salaire de Vie à ce titre réglera beaucoup de
choses), mais si les dépenses ou les dettes écrasent une personne
déjà épuisée mentalement, cela ne règle rien. Une autre urgence
est donc de transformer l'accès à la commission de surendettement
avec dossier pré-rempli par un travailleur social, gelant pour 6
mois toutes les dettes d'une personne ayant des difficultés. La
documentation à remettre par l'ayant droit devra être minimaliste,
c'est à dire les noms des créanciers, un numéro de compte bancaire
et un papier d'identité. Quand une personne est en détresse
sociale, inutile de lui demander de remplir de lourds dossiers
administratifs, elle n'en a ni l'esprit, ni le cœur et nous ne
devons pas juger cela. Il faut avoir connu cette détresse pour le
comprendre.
Je
ne crois pas tout à fait au soutien psychologique, sauf pour les cas
les plus extrêmes, en revanche, il est nécessaire de repositionner
un être humain dans un corps social et des projets. Seules des
associations s'occupent d'ouvrir leurs murs durant quelques heures
aux miséreux, pour prendre un café, discuter, faire quelques
démarches, une partie de cartes, etc. Tout simplement par ce que les
foyers et notamment les CHRS ont la fâcheuse tendance à expulser
leurs pensionnaires dès huit heures du matin et ne ré-ouvrir que
le soir.
C'est
pourtant ce qu'il ne faut pas faire. Il faut certes des lieux
d'accueil de jour ouverts le plus d'heures que possibles, mais toute
structure d'hébergement temporaire ou un peu plus durable doit
permettre d'accéder à des outils comme un téléphone, une
photocopieuse, un service de messagerie internet, à tous les
documents administratifs possibles pour réclamer de l'aide sociale,
à un espace détente, et à des offres d'emploi. Et bien évidemment,
il est nécessaire que des travailleurs sociaux puissent suivre à
plein temps les populations concernées.
Donc de façon plus durable,
cette pénurie de place et de soutien administratif impose qu'un
puissant budget soit consacré à l'embauche de travailleurs sociaux
d'une part, à la simplification administrative d'une autre part, et
la construction ou l'acquisition de biens immobiliers pour répondre
aux nécessités d'hébergement, et cela de façon digne et en
préservant l'intimité.
Car de nombreux S.D.F
refusent les solutions d'hébergement temporaire du seul fait que
leur intimité et leur sécurité ne sera pas assurée. Il faut
savoir que pour les personnes les plus détruites par la vie, on ne
peut espérer une récupération de leur volonté à se reconstruire
qui soit aisée. Beaucoup sont même des cas malheureusement
insolubles. Pour ces personnes, la dernière tentative peut être une
forme de retraite à la campagne qui leur soit proposée. Des petits
lotissements comprenant des studios et des jardins potagers leurs
seront proposés. Ils appartiendront à l'Etat qui prélèvera un
loyer directement sur leur salaire de vie. Ces logements seront bien
évidemment équipés de tout le nécessaire quant à l'hygiène et
l'alimentaire. Un foyer social proche permettra à ces populations de
se rencontrer dans un lieu de convivialité et jouir d'un travailleur
social qui tentera peu à peu de dénouer leurs difficultés et les
faire participer à des activités les réadaptant progressivement à
une certaine autonomie.
En clair, le maître mot
d'une politique sociale puissante, est la garantie pour tous de
pouvoir disposer d'un toit sur la tête en toute circonstance,
disposer d'une administration sociale plus puissante et réactive, et
concéder que certaines causes sont désespérées et qu'il faut donc
créer des lieux de retraite digne pour ces gens.
Il est cependant évident
que la lutte contre l'immigration, le Salaire de Vie et globalement
toute la politique économique de départ, contribuent aussi très
largement à réduire significativement l'urgence sociale.
Là aussi les inégalités peuvent disparaître avec le plein emploi. Je maintiens que c'est possible (c'est dans mon bouquin). Bien entendu pas avec un pouvoir politique aussi minable. Avec également une Constitution obsolète qui ne donne le pouvoir qu'à des partis politiques non représentatifs. Je vais lire plus loin ce que tu dis sur ce sujet...
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