lundi 10 juin 2013

La décroissance, enfin !

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Au début de ce livre, un long chapitre a été accordé aux différentes technologiques que nous pourrions développer pour réduire notre addiction au tout pétrole. Nous avons vu que globalement, c'est environ 30 % de notre consommation actuelle que nous pouvons économiser par les leviers technologiques, fiscaux et macro-économiques.

Un autre chapitre remettait au cœur de notre organisation sociale, notre auto-suffisance alimentaire. Encore un autre point de cet essai amorçait le principe de décroissance démographique par incitation.

Mais quand tout cela sera enfin sur les rails, du fait que les ressources ne sont de toute façon pas illimitées, il faudra envisager un modèle économique de décroissance douce.

Pour commencer, nous nous attaquerons aux hypermarchés. en supprimant leur possibilité de vendre des produits de la mer, des produits maraîchers, de la viande, du fromage frais, de la boulangerie, des œufs et du lait. Tout cela se fera par étape durant plusieurs années avec des plans de reconversion pour les salariés, et une proposition d’éclatement en une multitude de petites entités commerciales pour les chaînes de grande distribution. Nous visons des millions d’artisans qui s’installent dans les quartiers désertés de nos villes et les campagnes.

Le plus simple étant de donner un exemple. La première année, nous invitons les dirigeants de la grande distribution pour leur donner les objectifs :

Ils auront cinq années pour transformer totalement leur cœur de métier. Il s'agira littéralement de fermer à terme les hypermarchés en périphérie des grandes villes, pour redéployer les commerces de proximité. Et nous commencerons par interdire la vente de poisson et de produits de la mer à ces entités économiques. Des plans de conversion professionnelles, des formations, des aides à la création d'entreprises ou encore des poissonneries de ville ouvertes sous l'enseigne de l'hypermarché, viendront remplacer l'ancien système de distribution.

Cette première interdiction amorce une phase test de la réforme pour apprendre des difficultés que nous rencontrerons inévitablement. Car l'année suivante, ce sont les fruits et légumes qui ne pourront plus être distribués par les hypermarchés. Et ainsi de suite.

Les supermarchés de quartiers ou installés dans les zones rurales pourront survivre. Mais une obligation de commander les aliments par rapport aux besoins réels de la population devra être instituée, quitte à créer de la pénurie en fin de journée sur certains produits, plutôt que du gaspillage. En effet, plus de 30 % des produits frais commandés par la grande distribution finissent à la poubelle, cela uniquement pour permettre aux consommateurs de disposer d'un choix conséquent à très bas prix. Nous sommes à l'ère du consumérisme fou, du caprice économique et non pas celle de la raison. Il vaut mieux constater qu'il n'y a plus de sole ou de cabillaud à l'étalage et se rabattre sur un loup de mer à cuisiner, que disposer d'un choix garanti, mais permettant de maintenir la possibilité pour ce genre de commerce de jeter des milliers de tonnes de marchandises chaque année.

De la même façon, il sera nécessaire d'interdire l'obsolescence programmée. Autant que possible, nous imposerons aux industriels d'utiliser des pièces standardisées, faciles à remplacer et durables. Nous rendrons le coût de l'entretien ou la réparation d'une machine toujours plus abordable que le rachat d'une nouvelle, tout bêtement en élevant graduellement la TVA sur les biens de consommation durable, et en réduisant toujours plus les différentes forme de taxation sur le travail (et non les cotisations).

Le temps de travail devra lui aussi être revu à la baisse, en passant de 35 h par semaine actuellement à 25 h. Cela devra se faire progressivement, avec des compensations salariales et une politique protectionniste qui devra restée affirmée. Pour les mêmes raisons, le prix des loyers sera de plus en plus en réglementé (à la baisse) et lissé autant que possible sur tout le territoire. Car si le salaire sera appelé à décroître peu à peu, le coût de la vie doit aussi se réduire d'autant.

Rassurez vous pour autant, nous serons passés à une ère du partage du capital industriel de la France, puisque celui-ci sera ouvert grâce à la participation à tous les Français. Nous serons aussi passés à l'ère de la propriété immobilière pour tous.

Nous continuerons de bénéficier des technologies, d'avancées scientifiques, de moyens de déplacements rapides et innovants, et même d'un peu de superflu. Mais nous devrons jouer peu à peu de la fiscalité pour détruire ou transformer les pans de l'économie les plus toxiques en terme de durabilité, et redonner du temps à l'être humain pour vivre.

Nous ne serons pas vraiment plus riches qu'aujourd'hui, mais bien moins pauvres. Le coefficient de Gini qui permet de mesurer les inégalités entre les riches et les pauvres dans un même pays n'est pas si mauvais que cela en France. Il est de 0 ,289 points. Le zéro absolu signifie l'égalité parfaite entre les citoyens, et le chiffre 1 l'inégalité totale.

L'idée est donc de tendre vers le zéro absolu par une meilleure redistribution des richesses. La question de la création monétaire devra revenir aussi sur le devant de la scène, avec un adossement à l'or du franc remis sur la table si cela n'avait pas été institué jusque là. Car en adossant la monnaie à ce métal précieux, nous limiterons de fait les possibilités de créer beaucoup de monnaie, et donc de biens superflus associés. L'étalon-or est à ce titre un outil de décroissance monétaire pertinent.

La baisse démographique elle-même commencera à influencer notre propre consommation globale, puisque moins il y'a de consommateurs, moins il y'a de nécessités de produire.

La Décroissance économique est un modèle qui se repose sur une prise en compte purement comptable de la disponibilité des ressources. Elle vise à anticiper et accompagner la pénurie, tout en garantissant un niveau de bien être social élevé et une quête de progrès scientifique maintenue. Elle s'oppose à la récession qui est une dépression économique et sociale liée à croissance nulle, voir négative dans le cadre d'un modèle économique qui ne peut contribuer au bien être des populations que dans le cadre d'une croissance éternelle et immuable.

Sachant que cela n'est pas possible, il est préférable de choisir la voie d'une économie stable ou décroissante, mais qui garantisse au moins ce bien être social, puisque modélisée en fonction de ces contraintes devenant désormais des avantages.

Cela ne rend pas ce modèle plus aisé à mettre en place, et il faudra l'améliorer sans cesse. Cela implique de faire preuve de beaucoup de subtilité sur la gestion de la fiscalité et un minimum d'autorité sur le système financier et macro-économique. Pourtant, la décroissance se base bien essentiellement sur une économie privatisée, quoi que tablant sur la multiplicité des petites entités économiques que sur un très petit nombre de multinationales pour faire travailler beaucoup de gens.

Nous ne serons donc pas réellement à l'ère du communisme, mais bien dans un régime semi-libéral. C'est un modèle économique très colbertiste en vérité du point de vue de la planification économique à inscrire. Il est aussi très collectiviste sur certains aspects, ce qui me fait dire que les communistes ne pourraient pas être déçus.


Il est quoi qu'il arrive une absolue nécessité, car il est le seul modèle économique à prendre en compte réellement la finitude des ressources...

1 commentaire:

  1. Désolé, la croissance en valeur est indispensable à mes yeux, par simple logique, car elle est liée au progrès. Certes il faut la contrôler, ce qui est possible, dans un sens écologique. Mais c'est lié à l'activité humaine depuis toujours.

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