Au début de ce livre, un
long chapitre a été accordé aux différentes technologiques que
nous pourrions développer pour réduire notre addiction au tout
pétrole. Nous avons vu que globalement, c'est environ 30 % de notre
consommation actuelle que nous pouvons économiser par les leviers
technologiques, fiscaux et macro-économiques.
Un autre chapitre remettait
au cœur de notre organisation sociale, notre auto-suffisance alimentaire. Encore un autre point de cet essai amorçait le principe
de décroissance démographique par incitation.
Mais quand tout cela sera
enfin sur les rails, du fait que les ressources ne sont de toute
façon pas illimitées, il faudra envisager un modèle économique de
décroissance douce.
Pour
commencer, nous nous attaquerons aux hypermarchés. en
supprimant leur possibilité de vendre des produits de la mer, des
produits maraîchers, de la viande, du fromage frais, de la
boulangerie, des œufs et du lait. Tout cela se fera par étape
durant plusieurs années avec des plans de reconversion pour les
salariés, et une proposition d’éclatement en une multitude de
petites entités commerciales pour les chaînes de grande
distribution. Nous visons des millions d’artisans qui s’installent
dans les quartiers désertés de nos villes et les campagnes.
Le
plus simple étant de donner un exemple. La première année, nous
invitons les dirigeants de la grande distribution pour leur donner
les objectifs :
Ils
auront cinq années pour transformer totalement leur cœur de métier.
Il s'agira littéralement de fermer à terme les hypermarchés en
périphérie des grandes villes, pour redéployer les commerces de
proximité. Et nous commencerons par interdire la vente de poisson et
de produits de la mer à ces entités économiques. Des plans de
conversion professionnelles, des formations, des aides à la création
d'entreprises ou encore des poissonneries de ville ouvertes sous
l'enseigne de l'hypermarché, viendront remplacer l'ancien système
de distribution.
Cette
première interdiction amorce une phase test de la réforme pour
apprendre des difficultés que nous rencontrerons inévitablement.
Car l'année suivante, ce sont les fruits et légumes qui ne pourront
plus être distribués par les hypermarchés. Et ainsi de suite.
Les
supermarchés de quartiers ou installés dans les zones rurales
pourront survivre. Mais une obligation de commander les aliments par
rapport aux besoins réels de la population devra être instituée,
quitte à créer de la pénurie en fin de journée sur certains
produits, plutôt que du gaspillage. En effet, plus de 30 % des
produits frais commandés par la grande distribution finissent à la
poubelle, cela uniquement pour permettre aux consommateurs de
disposer d'un choix conséquent à très bas prix. Nous sommes à
l'ère du consumérisme fou, du caprice économique et non pas celle
de la raison. Il vaut mieux constater qu'il n'y a plus de sole ou de
cabillaud à l'étalage et se rabattre sur un loup de mer à
cuisiner, que disposer d'un choix garanti, mais permettant de
maintenir la possibilité pour ce genre de commerce de jeter des
milliers de tonnes de marchandises chaque année.
De
la même façon, il sera nécessaire d'interdire l'obsolescence
programmée. Autant que possible, nous imposerons aux industriels
d'utiliser des pièces standardisées, faciles à remplacer et
durables. Nous rendrons le coût de l'entretien ou la réparation d'une
machine toujours plus abordable que le rachat d'une nouvelle, tout
bêtement en élevant graduellement la TVA sur les biens de
consommation durable, et en réduisant toujours plus les différentes
forme de taxation sur le travail (et non les cotisations).
Le
temps de travail devra lui aussi être revu à la baisse, en passant
de 35 h par semaine actuellement à 25 h. Cela devra se faire
progressivement, avec des compensations salariales et une politique
protectionniste qui devra restée affirmée. Pour les mêmes raisons,
le prix des loyers sera de plus en plus en réglementé (à la
baisse) et lissé autant que possible sur tout le territoire. Car si
le salaire sera appelé à décroître peu à peu, le coût de la vie
doit aussi se réduire d'autant.
Rassurez
vous pour autant, nous serons passés à une ère du partage du
capital industriel de la France, puisque celui-ci sera ouvert grâce
à la participation à tous les Français. Nous serons aussi passés
à l'ère de la propriété immobilière pour tous.
Nous
continuerons de bénéficier des technologies, d'avancées
scientifiques, de moyens de déplacements rapides et innovants, et
même d'un peu de superflu. Mais nous devrons jouer peu à peu de la
fiscalité pour détruire ou transformer les pans de l'économie les
plus toxiques en terme de durabilité, et redonner du temps à l'être
humain pour vivre.
Nous
ne serons pas vraiment plus riches qu'aujourd'hui, mais bien moins
pauvres. Le
coefficient de Gini qui permet de mesurer les inégalités entre les
riches et les pauvres dans un même pays n'est pas si mauvais que
cela en France. Il est de 0 ,289 points. Le zéro absolu
signifie l'égalité parfaite entre les citoyens, et le chiffre 1
l'inégalité totale.
L'idée est donc de tendre
vers le zéro absolu par une meilleure redistribution des richesses.
La question de la création monétaire devra revenir aussi sur le
devant de la scène, avec un adossement à l'or du franc remis sur la
table si cela n'avait pas été institué jusque là. Car en adossant
la monnaie à ce métal précieux, nous limiterons de fait les
possibilités de créer beaucoup de monnaie, et donc de biens
superflus associés. L'étalon-or est à ce titre un outil de
décroissance monétaire pertinent.
La baisse démographique
elle-même commencera à influencer notre propre consommation
globale, puisque moins il y'a de consommateurs, moins il y'a de
nécessités de produire.
La Décroissance économique
est un modèle qui se repose sur une prise en compte purement
comptable de la disponibilité des ressources. Elle vise à anticiper
et accompagner la pénurie, tout en garantissant un niveau de bien
être social élevé et une quête de progrès scientifique
maintenue. Elle s'oppose à la récession qui est une dépression
économique et sociale liée à croissance nulle, voir négative dans
le cadre d'un modèle économique qui ne peut contribuer au bien être
des populations que dans le cadre d'une croissance éternelle et
immuable.
Sachant que cela n'est pas
possible, il est préférable de choisir la voie d'une économie
stable ou décroissante, mais qui garantisse au moins ce bien être
social, puisque modélisée en fonction de ces contraintes devenant
désormais des avantages.
Cela ne rend pas ce modèle
plus aisé à mettre en place, et il faudra l'améliorer sans cesse. Cela
implique de faire preuve de beaucoup de subtilité sur la gestion de
la fiscalité et un minimum d'autorité sur le système financier et
macro-économique. Pourtant, la décroissance se base bien
essentiellement sur une économie privatisée, quoi que tablant sur la
multiplicité des petites entités économiques que sur un très petit nombre de
multinationales pour faire travailler beaucoup de gens.
Nous ne serons donc pas réellement à l'ère du communisme, mais bien dans un régime semi-libéral. C'est un modèle économique très colbertiste en vérité du point de vue de la planification économique à inscrire. Il est aussi très collectiviste sur certains aspects, ce qui me fait dire que les communistes ne pourraient pas être déçus.
Il est quoi qu'il arrive une absolue nécessité, car il est le seul modèle économique à prendre en compte réellement la finitude des ressources...
Désolé, la croissance en valeur est indispensable à mes yeux, par simple logique, car elle est liée au progrès. Certes il faut la contrôler, ce qui est possible, dans un sens écologique. Mais c'est lié à l'activité humaine depuis toujours.
RépondreSupprimer