Mais il y'a en revanche un
premier ministre et son gouvernement. Comme je l'expliquais plus
haut, il y'a une nécessité de disposer d'un pouvoir exécutif fort
et stable, et paradoxalement qu'un gouvernement puisse être destitué
en cas de problème.
Commençons d'abord par le
temps du mandat. Je suis très partagé entre le quinquennat et le
septennat. Le quinquennat laisse le temps à un gouvernement de faire
une multitude de réformes, mais peu de temps pour que les effets
attendus puissent être visibles en fonction des changements
apportés. L'avantage étant qu'un pouvoir exécutif solide ayant été
très contesté durant son mandat, peut être sanctionné au bout de
cinq années et être remplacé par une nouvelle élection.
De son côté, le septennat
a les avantages et inconvénients strictement inverses. J'aurai
tendance à faire le choix de la stabilité et du temps long pour
réformer, en vertu du fait que le peuple conserve comme fusible
l'arbitrage du Souverain. Je prendrais donc fait et cause pour la
réintroduction du Septennat , mais sans avoir les idées arrêtées
là dessus.
Une fois la question du
temps du mandat écarté, il y'a la question de la légitimité du
suffrage. Et il est à ce titre essentiel que trois barrières
soient abolies pour les candidats :
- La barrière juridique
- La barrière médiatique
- La barrière financière
Actuellement, la barrière
juridique consiste à filtrer les candidatures au travers des
parrainages. Non pas que je sois contre un système de filtration,
mais pas quand les règles du jeu sont faussées. Dans ce cadre je
propose une réforme simple :
- Le nombre de parrainages nécessaires sera ramené à 200
- Les maires auront l'obligation de recevoir les candidats. Ils ne seront plus responsables individuellement de la remise du parrainage, cela concernera désormais un vote de l'Assemblée Municipale.
- Chaque parrainage accordé devra être transmis immédiatement à la Cour Constitutionnelle (nous verrons que nous allons réformer aussi cette institution) qui suivra en temps réel les signatures accordées.
- Au deux centième parrainage collecté et transmis à la Cour Constitutionnelle, un parti politique ne pourra plus collecter d'autres parrainages. Cela afin de laisser toutes les chances aux autres formations politiques d'obtenir le précieux sésame, et empêcher que des mairies plutôt partisanes ne séquestrent comme aujourd'hui des milliers de parrainages.
S'agissant de la barrière
médiatique, c'est encore plus simple, les télévisions et stations
de radio publiques auront l'obligation
d'accorder le même temps d'antenne pour tous les candidats, trois mois avant le premier suffrage. Du fait
que nos journalistes sont malheureusement de très médiocre qualité
en France, les chaînes publiques devront permettre à chaque
candidat de disposer d'une heure de retransmission d'une conférence
de presse sur leur programme. Cela afin que les questions souvent
navrantes ou les sous-entendus des journalistes ne puissent pas
retirer à chaque candidat son unique chance d'expliquer à tous les
Français son programme de façon claire, didactique et sans
focalisation à l'extrême sur des points de détails sortis de leur
contexte programmatique.
J'insiste très clairement
sur le fait que la presse Française depuis des décennies a toujours
verser dans la médiocrité. Il y'a quelques très rares bons
journalistes, prenant garde de rester neutres, de ne pas commenter
leur opinion personnelle à une réponse d'une personnalité
politique, mais cette qualité étant si rare dans nos médias qu'il
est nécessaire que le service public se montre non seulement très
élitiste dans le choix de ses journalistes, mais garantisse en plus
du temps de parole libre et sans contraintes aux candidats. Les
Français doivent pouvoir se faire une opinion claire d'un programme
qui les engagera sur plusieurs années.
Enfin, reste la question du
financement des campagnes et pour cela, il y'a une idée simple :
Admettons que nous ayons
trente candidats qui parviennent à obtenir leur parrainage. Dans ce
cas, une première élection devra faire le tri, après que chacun
des candidats ait pu expliquer son programme sur les chaînes
publiques. Tous les candidats n'ayant pas réuni au moins 5 % des
suffrages seront éliminés, leur campagne s'arrêtera sans trop de
frais.
Les autres resteront donc en
lice pour un second suffrage et en fonction de leur nombre il y'aura
encore deux ou trois tours de scrutin. Les chaînes publiques leur
seront toujours réservées. Mais chaque parti recevra une somme qui
restera à déterminer pour mener campagne. Les comptes des partis
politiques seront examinés pour cela. Le parti le mieux doté en
réserves monétaires pour sa campagne sera l'étalon financier pour les
autres. L'Etat fixera les montants alloués sur cette base à tous
les partis mais continuera de surveiller les comptes durant la
campagne.
Supposons que le second tour
de scrutin ne laisse que cinq candidats en lice pour un troisième
tour. Dans ce cas, le comptable public soustraira l'argent public restant
dans les caisses des partis, par rapport à leur déclaration de
départ au moment d'entrer en campagne. Cela afin de récupérer ce
qui n'a pas été dépensé, sans priver les partis politiques de
leurs fonds propres de départ.
Pour réduire le nombre de
tours à un maximum de quatre, il me paraît intéressant de monter
graduellement le pourcentage de voix à obtenir pour rester en lice.
Si le premier tour exige que 5 % des votants ait retenu une
candidature, le second tour peut réclamer que 10 % des électeurs
ait retenu une candidature. Le troisième exige un minimum de 15 %.
Le quatrième exigeant une majorité entre deux candidats.
Cette popote électorale
peut sembler inintéressante au plus haut point, pourtant c'est un
sujet extrêmement sérieux. Il en va encore une fois de la
légitimité d'un gouvernement. Et dans ce cadre, je ne vais pas
hésiter à assumer un autre de mes points de vue : Instituer le
véritable vote obligatoire. Il est tout à fait intéressant de
constater que c'est en Amérique du Sud, continent où il y'a un
grand élan démocratique que ce système est institué. Si les
électeurs ne votent pas, ils écopent d'une sanction. Quelques
exemples tirés du site wikipédia :
« En 1952, la Bolivie
a commencé à donner des cartes aux citoyens qui ont voté. Dans les
trois mois suivant l’élection, les citoyens doivent présenter ce
justificatif pour accéder à leur salaire. »
« Au Brésil, le vote
est obligatoire depuis 1932, de 18 à 65 ans. Les citoyens qui n'ont
pas voté aux trois dernières élections doivent payer une amende,
sans quoi ils sont empêchés d'assumer une fonction publique et ne
peuvent pas se faire délivrer leur passeport. Les fonctionnaires
doivent présenter régulièrement leur carte d'électeur pour
prouver qu'ils se sont bien présentés aux élections. »
Les Australiens peuvent être
encore beaucoup plus durs :
« Si le citoyen ne
s’est pas inscrit sur les listes électorales il est passible d’une
amende de 50 dollars australiens (~28€). Ceux qui n’ont pas voté
sans excuse valable devront payer 20 A$ (~11€). Si l'électeur
défaillant refuse de payer cette amende, des sanctions
supplémentaires peuvent lui être appliquées. Elles varient selon
l'État ou le Territoire dans lequel l'affaire est jugée et peuvent
consister en des travaux d'intérêt général, en la saisie de biens
ou en une courte peine de prison. Dans certains cas, la sanction est
obligatoirement une peine de prison. Par l'application de cette loi,
l’Australie a divisé par 5 son taux d’abstention depuis 1923 ».
Évidemment, je trouve que
l'exemple de la peine de prison est tout de même exagéré, mais
imposer à nos concitoyens de se montrer responsables quant à leurs
devoirs civiques autant que le maintien de leur droit de choisir un
programme qui les engage sur plusieurs années, ce n'est pas du
fascisme. C'est au contraire limiter l’émergence de toute forme de
dictature, surtout dans un pays qui donnerait enfin le choix des
programmes aux électeurs, en vertu des mesures citées plus haut.
Toutefois, et afin que ce devoir ne soit pas contraint à une
obligation d'accepter de voter pour des programmes qui pourraient
désintéresser, surtout sur les derniers tours de scrutin, le vote
blanc sera bien comptabilisé et considéré comme un vote normal.
Cela dès le premier tour de scrutin.
Pour conclure ces réformes
sur le système électoral qui en général est inscrit dans les lois
organiques, toute modification du système électoral devrait
obligatoirement être soumis à référendum. L'enjeu est trop
important, nous parlons de démocratie.
Maintenant que nous avons
élu un Premier Ministre pour cinq ou sept ans, quel pouvoir lui
accordons-nous ?
De mon point de vue, ce sont
les commandes importantes du bateau France qu'on lui laisse, à
savoir :
- l'économie
- les armées
- l'intérieur
- la diplomatie
- le commerce
- le social
Il sautera aux yeux des plus
attentifs que certains domaines ne sont pas des compétences
gouvernementales, nous en parlerons tout à l'heure.
Tout d'abord, entamons par
l'économie. Ce mot signifie beaucoup de chose et pourrait d'ailleurs
s'englober avec les affaires sociales et le commerce. Car dans
l'économie, il y'a le budget, donc la fiscalité et la
redistribution de l'impôt, il y'a la planification écologique, il
y'a le modèle social prôné, il y'a enfin la politique monétaire.
C'est
donc un champs de compétences larges. Je nuancerais cependant sur la
question de la monnaie, car il y'a un paradoxe intéressant qu'a
soulevé Olivier Berruyer, un intervenant économique dont je prends
plaisir à suivre les publications :
Laissez à un gouvernement
la possibilité de faire ce qu'il veut avec la monnaie, et par
électoralisme, il pourrait tout à fait avoir la main leste sur la
création monétaire, donc l'inflation ou l'endettement. Ce qui
signifie que nous devrons réfléchir un peu plus tard à une Banque
Centrale qui soit relativement indépendante du gouvernement, mais
malgré tout dans son rôle d'accompagnement de la politique
économique de celui-ci.
Les affaires militaires et
la politique de sécurité intérieure vont de soi, je ne
m'attarderais pas trop là dessus. En revanche, les traités
commerciaux doivent absolument être soumis à un organe de contrôle
populaire. Le libre échange a fait des ravages dans notre pays, et
désormais, il est temps qu'une institution indépendante juge de la
nécessité de conclure un traité commercial en fonction des points
défendus par la France et de nos intérêts à conserver.
En matière diplomatique,
aucun traité en particulier
sur les questions monétaires ou militaires, ne pourra être
ratifié sans l'aval du peuple. En outre, il me semble fondamental
de faire de la neutralité et l'indépendance de la France une
obligation Constitutionnelle. En clair, un ministre chargé des
affaires étrangères, aura surtout à cœur de s'entendre avec tous
les pays et défendre nos valeurs tout en évitant que des Etats
interfèrent quant à notre neutralité.
Autre point de vue qu'il me
semble important de laisser à la charge du gouvernement, c'est de
pouvoir agir par ordonnance s'agissant des affaires économiques,
certaines urgences de police ou militaires.
Si nous prenons l'exemple
du démantèlement des hypermarchés, la logique veuille que le
gouvernement ait présenté un programme qui décrivait la réforme gouvernementale à venir.
Aussi, le parlement devra donc être saisi à titre consultatif pour
proposer un pilotage de la réforme qui soit le plus réfléchi et
subtil que possible. Mais une fois les débats parlementaires
terminés, le Premier Ministre tranche et agit par ordonnance pour
faire appliquer son programme. Il n'est donc pas obligé de tenir compte des propositions des parlementaires, car il s'agit d'un projet de loi voté par le peuple. En revanche, toute réforme qui
n'aurait pas été présentée dans le programme ne peut être sujet
à ordonnance. C'est au contraire le Parlement qui tranche.
S'agissant des affaires
militaires, il est évident que nous évoquons le cas peu probable
d'une agression. Le Premier Ministre dans ce cas, doit disposer de
deux semaines pour pouvoir agir par ordonnance et passer ses ordres,
cela sous l'autorité du Souverain. Au bout de deux semaines, le
Parlement doit pouvoir se prononcer sur la politique militaire et
diplomatique à engager. Le Souverain dans tous les cas doit pouvoir
empêcher par tous les moyens une dérive guerrière. C'est
d'ailleurs aussi le rôle du Ministre des Affaires Étrangères et de
tous nos ambassadeurs, de s'assurer d'une bonne entente entre les
États tiers et notre pays. La Suisse y parvient depuis deux siècles
et cela sans arsenal nucléaire, il n'y a pas de raison que la France
ne puisse pas faire aussi bien.
Enfin, s'agissant des
affaires de police, le gouvernement doit pouvoir agir par ordonnance
durant 48 h, en cas d'émeutes ou d'acte terroriste nécessitant un
déploiement important de nos forces de police. Mais si le problème
persiste, le Parlement doit être consulté. Le Premier Ministre aurait malgré
tout, toujours le dernier mot. Mais il pourra être destitué par le Souverain
si des émeutes devaient être... le fruit d'une politique
gouvernementale catastrophique.
Le renouvellement du mandat
ne sera possible qu'une fois. Le chef du gouvernement choisira ses
ministres, et autant que possible devra proposer des noms à la population avant même son élection.
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